Riviera Détente

Riviera Détente #27 – Dix-Mille Heures

Et le problème, c’est que, le seul petit souci, c’est qu’avec la culture web etc. peut-être on procrastine tous sur les mêmes trucs, et c’est ça qui me fait chier.

Henry Michel

On reçoit un nouveau Riviero, Naïko Skate, qui va nous raconter son expérience récente en ligue d’impro (LICA) et découvrir le Rivieraverse sur le champs de bataille. On parle aussi du secret de tous les hommes talentueux, d’un carnet loisir very french, et du futur projet sociopolitique d’Henry Michel.

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RIVIERA DÉTENTE ÉPISODE 27 – DIX MILLE HEURES

Retranscription

* Pré-générique Riviera Ferraille *
* Musique *

NAÏKO – Riviera Détente. Avec Henry Michel. Je suis Naiko Skate, en direct de la Lambda Cave.

* musique *

HENRY – Quand parfois la vie manque d’épices, manque de piment, de muscé, de poudré, manque un peu de cette saveur herbacée… quand les aléas du travail ou du quotidien anesthésient votre… votre langue mentale, vos papilles, ou alors quand tout est trop sucré, et que vous aimeriez goûter de la babouche, de la tong, pour vous rappeler le goût amer du cuir resté trop longtemps au soleil, nous sommes là, avec nos sacs et nos caisses de paprika, de curry, de cumin, de piment d’espelette. Alors ok, parfois on en met trop, parfois on n’en met pas assez, mais on le fait avec amour et largesse. On est large, c’est offert par la maison. On aime nos clients fidèles, on vous aime, détendez-vous, mettez-vous à l’aise… C’est Riviera Déteeeeente!

* acclamations, applaudissements et sifflement *

HENRY – Ohlala lala. Quelle ambiance! Alors, y’ a quelqu’un là, récemment, euh… Pendant l’Eurovision, y’a un Twitto qui a… y’avait Marianne James et les animateurs qui étaient quatre à applaudir dans la cabine, quelqu’un qui a dit “On se croirait dans Riviera Détente” * rire * quand ils applaudissent. Alors cette voix… incroyable! T’as une voix de radio extraordinaire hein!

NAÏKO – Ah bon?

HENRY – C’est celle d’un nouveau Riviero, que je suis très content d’accueillir, qui porte le… le plus beau nom du Rivieraverse: Naïko Skates! Ouéééééé!

* applaudissements *

NAÏKO – Bravo!

HENRY – Bravo Naïko!

NAÏKO – Extraordinaire.

HENRY – Fais-nous écouter ta voix. * rire * Flex ta voice! * rire *

NAÏKO * avec une voix plus aiguë * – Qu’est-ce que tu veux que je te dise Henry Michel?

HENRY – Mais non, non, non, vas-y. Je… * avec une grosse voix * Salut les Riviera.

NAÏKO – Salut les Riviero. Les Rivieros! Pardon, ils sont plusieurs, je crois, hein?

HENRY – Et les Riviera… C’est plusieurs Rivieras.

NAÏKO – Et les… Ah! Ca s’accorde?

HENRY – Oui.

NAÏKO – Salut les Rivieros!

HENRY – Ah mais non là tu prends une voix un peu sympathique.

NAÏKO – Ah oui.

HENRY – Tu faisais plus casseur de pattes en début du truc… * rire *

NAÏKO – C’est vrai? C’est vrai? Bon.

HENRY – Fais ta vraie voix!

NAÏKO – Salut les Riviero.

HENRY – Rholala…

NAÏKO – Ca va bien?

HENRY – Et tu as jamais fait de voix off?

NAÏKO – De voix off? Non, je suis toujours dans le champ, moi.

HENRY – Rholala… Tu peux dire euh… “Cultivée depuis le dix-septième siècle en Sicile, la tomate de Sicile contient de nombreux nutriments.”?

NAÏKO – Tu peux me l’écrire sur un papelard parce que j’ai un…

* HENRY rit * – J’ai déjà oublié! * rire *

NAÏKO – Oui j’ai déjà oublié.

* rires *

HENRY – “Cultivée depuis le dix-septième siècle… euh, dans les champs de Sicile, la tomate de Sicile contient de nombreux nutriments.”

* petite musique italienne traditionnelle *

NAÏKO – Cultivée dans les champs de Sicile depuis le dix-septième siècle, la tomate de Sicile contient de nombreux nutriments.

HENRY – Ohlalalala. * applaudit *

NAÏKO – Ca va? C’est bon?

* HENRY rit *

NAÏKO – On est ok?

HENRY * en riant * – Je vais te faire parler pendant toute l’émission! * rire *

NAÏKO – Ok.

HENRY – Ah c’est génial! Tu sais, y a une boîte qui va faire… j’ai dit ton nom?

NAÏKO – Quoi?

HENRY – Naïko Skates?

NAÏKO – Naïko Skates, oui. Ca a été évoqué, je pense.

* HENRY rit *

NAÏKO – Rapidement.

* rires *

HENRY – On va recommencer. Alors, Naïko Skates, je l’ai fait venir -pour les gens qui suivent mon Vlog, que je n’ai pas le droit de vous donner l’adresse, mais, pour ceux qui regardent- c’est une des personnes qui… c’est un des comédiens de la LICA, la Ligue d’Improvisation euh… CAnnoise?

NAÏKO – De la Côte d’Azur, s’il-te-plaît!

HENRY – De la Côte d’Azur, pardon!

NAÏKO – Aïe, aïe, aïe, aïe…

HENRY * avec l’accent du sud * – Toute la Côte d’Azur!

NAÏKO – Absolument. On rayonne, on rayonne!

HENRY – Qui m’a gentiment, c’était un Riviero, il m’a envoyé un email en disant “Écoute, viens voir nos répètes et tout”, et j’ai vu un truc, qui m’a… honnêtement, je vais vous dire, je le dis en même temps à Naiko, j’avais très peur que ce soit nul. Parce que, moi, l’impro, c’était les Ricains, c’était L.A., c’était Dan Harmon, et les, toute la, tous les mecs qui viennent… Et donc je me suis dit, ouais, je vais y aller, et ce sera… Et c’était… HY-PER drôle!

NAÏKO – Ah bon.

HENRY – Et c’était en répète, quoi! Et vraiment, j’ai halluciné! Et euh… voilà. J’ai trouvé ça génial, je vous ai trouvés tous super…

NAÏKO – Bin écoute tant mieux! C’est bien!

HENRY – …sympathiques, et ça m’a… fasciné, parce que je trouve que l’impro euh… y’a un truc qui me… qui me tue, c’est que dans la vie, on va donner beaucoup de leçons de vie, dans cet épisode.

NAÏKO – Oui. On est là pour ça, d’ailleurs, hein.

* HENRY rit * – Cet épisode va s’appeler Lifesplaining.

* rires *

HENRY – Je comprends pas. On a le savoir théorique avec l’école, les connaissances. Et l’autre truc, dans la vie, c’est l’improvisation, ta capacité à t’adapter aux aléas de la vie, tu vois?

NAÏKO – Oui…

HENRY – Et je COMPRENDS PAS que TOUT le collège on m’ait fait CHIER avec le handball…

NAÏKO – C’est bien le handball!

HENRY – Des années de handball, qui SERT À RIEN! Au lieu… et, tu prends les collégiens, tu leur fais faire de l’impro, mais ils peuvent bouffer la vie! Pourquoi on nous apprend le HANDBALL à la con, au lieu d’apprendre l’improvisation? Parce que, en même temps, y’a un… ce que j’ai appris, et que je savais pas, honnêtement, tant pis pour moi…

NAÏKO – M-mh.

HENRY – C’est que l’impro, c’est pas que de la comédie.

NAÏKO – Absolument pas. Mais euh, déjà le premier point, je pense que tu fais une fixette sur le handball.

* HENRY rit *

NAÏKO – Et saches que ça, j’ai du mal à comprendre.

HENRY – On me sélectionnait pas beaucoup en équipe, j’avoue.

NAÏKO – Ah t’étais toujours la… ouais, d’accord. Je… Non, non, écoute euh… Non, non c’est pas que de la comédie. Et d’ailleurs, le… le rire, le rire est absolument pas une finalité en impro. C’est pas le but, de faire rire. Si ça fait rire, bin, tant mieux! Tant mieux, c’est toujours plus… plus sympa. Mais euh… mais il existe des catégories en impro, justement, qui s’appellent les dramatiques, d’ailleurs, et qui consiste à jouer une scène à plusieurs, donc à au moins deux…

HENRY – Ouais…

NAÏKO – …en… justement, en… jouant des émotions vraies, quoi.

HENRY – Ouais.

NAÏKO – Donc, on peut avoir des… euh, des disputes, des disputes de couple, des rapports difficiles entre deux frères, entre un frère et une soeur, ‘fin, n’importe quoi!

HENRY – Pourquoi Papa t’a acheté une Clio…

NAÏKO – Oui?

HENRY – Et moi j’ai, j’ai eu un skateboard? À 27 ans, alors que toi, à 18, tu as eu une Clio?

NAÏKO – Bin écoute… Ca c’est un peu délicat. ‘Fin j’sais pas, mais, ce qui m’étonne c’est qu’on n’en ait jamais parlé.

HENRY – Bin ouais, parce que tu, surtout, tu, je te voyais parader en Clio, et moi j’étais là, dégoûté, avec mon putain de skateboard. Mais va à Nice, fais Cannes-Nice en skateboard!

NAÏKO – Ouais. Attends, j’ai… je pensais pas que ça te…

HENRY – Ah bon?

NAÏKO – …que t’avais un problème avec ça, quoi.

HENRY – Que toi, t’aies littéralement une Clio et que moi un skateboard, ça t’a pas choqué?

NAÏKO – Tu m’as jamais dit que t’étais jaloux de ça, en tout cas!

HENRY – Bin ouais, mais enfin bon, je sais pas ce qu’il te faut hein!

NAÏKO – Bin moi je te trouvais très beau sur ton skateboard!

HENRY – Ouais, mais en attendant, toi tu allais à Nice en trois secondes pécho les meufs, et moi j’étais obligé de rester dans le quartier avec mon skate hein!

NAÏKO – Pfff! Tu les as pécho comme moi, les meufs, en skateboard, attends Henry.

HENRY – Et puis quand t’as une… quand, une seule jambe comme moi, faire du skate, vas-y!

NAÏKO – Ouais.

HENRY – Accroche-toi, avec ta Clio, j’aurais pu faire un petit dispositif avec des tiges, des choses comme ça, pour pouvoir conduire la Clio.

NAÏKO – Mais non mais t’es court sur pattes enfin, avec les bras, normalement, tu pousses! Et ‘fin, j’veux dire, ça revient au même!

* HENRY rit * – Voilà, tu vois? On n’a pas réussi à faire une dramatique!

NAIKO – Ah c’était une dramatique? Ah merde! Pardon!

* rires *

NAÏKO – Ah j’étais pas dedans.

HENRY – Pourquoi je parle de dramatique? C’est parce que, si tu apprends aux gens à improviser, dans la vie, déjà, c’est énorme, et puis surtout, ce que j’ai adoré chez vous, c’est le rapport à l’échec.

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Et ça, c’est quelque chose qu’on, quand on rate une impro avec Patrick, ça nous arrive, ou quand je rate des impros avec des invités, je les mets pas dans l’émission.

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Et vous, c’est fou, parce que ça fait vraiment, tu m’as dit, ça fait partie de la culture de la discipline.

NAÏKO – Ouais, c’est un… c’est un pilier de l’impro, c’est-à-dire que c’est une des premières choses qu’on… qu’on nous apprend aussi en impro, c’est à se planter, quoi. À se foirer la gueule, c’est-à-dire que… dans nos entraînements hebdomadaires, eh bin on fait plein, plein, plein de petits exercices qui mènent à l’échec en fait.

HENRY – Ah! Ouais, ouais, ouais, d’accord. T’es obligé de te planter, quoi.

NAÏKO – Ouais. T’es obligé de te planter, justement pour accepter ça. Et pour l’accepter avec le sourire, systématiquement.

HENRY – Rho putain, c’est exactement ça dont j’ai besoin, moi.

NAÏKO – Viens, Henry Michel, viens…

HENRY – Parce que moi, je suis en PLS dès… * soupire *

NAÏKO – T’as des photos ou pas?

HENRY – De moi en PLS?

NAÏKO – Oui.

* HENRY rit * – T’es con! Non, j’ai pas de photos de moi en PLS mais…

NAÏKO – Tu devrais.

HENRY – Mais… c’est ça qu’il me faut, quoi. C’est pas avoir peur de… du feedback, mais en même temps… Attends. Attends-tends-tends.

NAÏKO – Quoi?

HENRY – Toi t’es, quand tu fais des spectacles d’impro, t’es avec des gens bienveillants, qui paient des trucs pour venir te voir.

NAÏKO – Pfff…

HENRY – Alors qu’Internet c’est autre chose, mec. C’est la jungle hein!

NAÏKO – Ouais je sais…

HENRY – On n’est pas… toi t’es dans le kindergarten hein!

NAÏKO – Ca trolle plus sur le net, ça je suis d’accord. Mais tu parles de mon expérience, moi je suis newbies en impro, tu vois? Je… j’ai fait mon premier match il y a deux jours.

HENRY – T’as gagné?

* NAÏKO chuchote *

HENRY – Ah ouais alors ça c’est le nouveau truc hein! C’est…

NAÏKO – Putain… Henry!

HENRY – Ah ouais pardon. * rire *

NAÏKO – Tu vas m’énerver toute la soirée ou quoi?

HENRY – C’est comme l’école des fans, tout le monde gagne.

NAÏKO – Non, non, non! Y a un score, y a un score final, une équipe qui gagne, une équipe qui perd.

HENRY – Alors est-ce que ton score, parce que je vais formuler différemment…

NAÏKO – Ouais…

HENRY – Est-ce que ton score a été supérieur à celui de l’équipe d’en face?

NAÏKO – Non.

HENRY – D’accord. Écoute c’est… bin c’est pas grave puisque… l’important c’est d’avoir fait… T’as fait r… ah non, c’est pas de faire rire.

NAÏKO – Vas-y… Essaie encore…

HENRY – L’important c’est d’avoir partagé un beau moment avec des gens.

NAÏKO – Exactement! Mais…

HENRY – Voilà.

NAÏKO – ‘tain mais voilà quoi!

HENRY – Ouais, ouais…

NAÏKO – C’est ça.

HENRY – Finalement c’est Riviera Détente, parce qu’on n’est pas drôle tout le temps, mais on partage des bons moments, quoi.

NAÏKO – Ouais… Vous êtes… Vous êtes un petit peu seuls. Tu vois, il faudrait inviter un peu plus de monde, tu vois? Tu… J’sais pas…

HENRY – Ouais, c’est vrai.

NAÏKO – Non mais, euh…

HENRY – On est dix mille…

NAÏKO – Oui, c’est vrai que vous êtes dix mille à écouter, c’est vrai. C’est vrai.

HENRY – C’est différent. C’est décalé, on n’a pas le plaisir que tu as avec un public, quoi. C’est sûr.

NAÏKO – Mais, le public, encore une fois, il est… il est presque accessoire. C’est, c’est… en tout cas, chacun a sa vision de l’improvisation, a ses… attend quelque chose de ses improvisations. Euh, si je parle de moi, moi c’est euh… Je suis venu à l’improvisation euh… parce que ça m’a fait rencontrer simplement des gens.
HENRY – Oui.

NAÏKO – Des gens bienveillants, des gens sympa, des gens marrants..; et ça m’a fait sortir de chez moi une fois par semaine.

HENRY – Et dans la vie, t’es un mec à l’aise…

NAÏKO – Mais bien sûr que non! Bien sûr que non, non, j’suis pas à l’aise. J’suis pas à l’aise, j’suis timide, j’suis…

HENRY – C’est fou!

NAÏKO – …de nature renfermée…

HENRY – C’est presque… j’ai pas vu ça, quoi.

NAÏKO – Mais je sais pas si t’as entendu parler de cette étude sociologique, alors je vais peut-être me planter, hein, mais c’est une des plus longues études sociologiques qui ait eu lieu, je crois que c’est les Américains qui ont mené ça, sur plus de soixante-dix ans, et ils ont pris des gens, dans les classes sociales différentes, dans les milieux différents, de sexes, d’âges différents, et ils les ont suivis… tout au long de leur vie, et régulièrement, ils faisaient un petit check, tous les mois, tous les deux mois, tous les six mois, pour savoir s’ils étaient heureux, dans la vie.

HENRY – Ouais.

NAÏKO – Y avait des riches, y avait des pauvres, y avait de tout. Et en est ressorti qu’en fait, le bonheur, ce qui fait le bonheur des gens…

HENRY –  L’alcool?

NAÏKO – C’est… Alors, y a l’alcool…

* HENRY rit *

NAÏKO – Mais pas en number one.

HENRY – La bouffe?

NAÏKO – La bouffe… non plus, c’est…

HENRY * contrarié * – Rhoooo!

NAÏKO – Je sais même pas si c’est sur le podium.

HENRY – Le cul?

NAÏKO – Le cul, ça peut être sur le podium. En deux ou en trois.

HENRY – Ah ouais!

NAÏKO – En deux ou en trois. Non, ce qui fait, ce qui fait vraiment le bonheur des gens, c’est l’entourage, la sociabli… la socialibi… ouhla! La so-cia…

HENRY – La socialisation?

NAÏKO – Oui, j’aurais dit, moi, la so-cia…

HENRY – …bilité?

NAÏKO – …bi-li-sa-tion? Un truc comme ça.

HENRY – Ah oui, d’accord!

NAÏKO – Qu’est-ce qu’on se fait chier avec des mots de plus de quatre syllabes? De toute façon? * rire *

HENRY – C’est comme le handball!

* NAÏKO rit * – C’est comme le  handball.

* rires *

HENRY – C’est comme le handball.

NAÏKO – C’est d’avoir un entourage riche, bienveillant…

HENRY – D’être intégré à un tissu… social.

NAÏKO – Mais c’est… oui, et puis, ‘fin je sais pas si on peut parler d’intégration dans un tissu social, c’est simplement d’avoir des relations épanouies avec les gens que tu as… avec ta boulangère, avec… avec tes enfants, ta femme, tes amis, et euh… et voilà! De… d’avoir accès à ça, quoi. D’avoir accès à ça. Et, j’te dis, c’est… c’est… c’est une étude… une étude sérieuse, là, qui a été menée. Ouais. Donc, et… et… ça rejoint ça, c’est-à-dire que, en ce qui me concerne, d’aller toutes les semaines à un entraînement, bin tu vois des gens que t’aimes bien, et euh… et tu joues. C’est, quelque part, c’est un peu régressif, parce que tu incarnes des personnages, tu fais des accents, des trucs à la con…

HENRY – Ouais…

NAÏKO – Donc tu retombes un peu en enfance, quelque part.

HENRY – Ouais, ouais, ouais.

NAÏKO – Tout est permis…

HENRY – Oui.

NAÏKO – Tout est permis, et tu fais ça avec des… avec… dans un gros bain de bienveillance…

HENRY – Ouais, ouais, ouais, c’est vraiment ce que j’ai ressenti.

NAÏKO – …et ça, c’est vachement bien, vachement bien.

HENRY – Ah c’est cool. C’est vraiment génial.

NAÏKO – Ouais.

* intermède musical *

HENRY – Riviera Détente, on revient. Euh, on est… on dit pas “Grasse”, on dit “la ville à côté de Cannes”, en ce moment.

NAÏKO – Ah bon?

HENRY – Parce que c’est le festival de Cannes, ça a commencé.

NAÏKO – Ce soir.

HENRY – L’excitation. Attends, excuse-moi, j’ai pas trop compris t’as vécu à Cannes ou pas, quand t’étais petit?

NAÏKO – Non, je suis NÉ à Cannes. J’suis né à Cannes La Bocca, et euh…

HENRY – Ah c’est pas pareil. Excuse-moi.

NAÏKO – Non. Oui je sais. Je sais, c’est…

* HENRY rit *

NAÏKO – J’suis de la lieue-ban.

HENRY – T’es de La Bocca.

NAÏKO – J’suis de la zone.

HENRY – Et t’es resté euh…

NAÏKO – Rien.

HENRY – Trois jours.

NAÏKO – Non. Oui, si tu veux, trois jours, ouais, ouais. Non, non, mes parents étaient encore étudiants en fait, quand je suis né, et ils étaient étudiants à Marseilles.

HENRY – D’accord.

NAÏKO – Voilà, donc ça a été direct Marseilles.

HENRY – Direct Marseilles, d’accord. Donc t’es… On est PACA, on est cousins PACA, et après t’es allé vivre à Paris?

NAÏKO – Ouais. J’suis euh… J’ai fait toute ma scolarité à Istres, dans les Bouches-du-Rhône…

HENRY – D’accord.

NAÏKO – Jusqu’au… jusqu’au BAC.

HENRY – Oui…

NAÏKO – Et après, j’suis allé… Alors j’suis allé faire, j’ai fait un peu de fac, beaucoup de fac, euh, à Marseilles, et puis j’suis parti à Paris, oui, pour les études, et pour le boulot.

HENRY – Et t’as vécu à Paris-Paris?

NAÏKO – Euh… j’ai vécu à Paris-Paris dans un premier temps, à Bercy…

HENRY – Ouais…

NAÏKO – Et puis après j’me suis installé avec ma copine, au Kremlin-Bicêtre, représente!

HENRY – Un grand, un gros bisous aux Rivieros du Kremlin-Bicêtre…

NAÏKO – Big up!

HENRY – …qui… qui se… manifestent pas trop.

NAÏKO – Ah ouais?

HENRY – J’aimerais bien que le Kremlin-Bicêtre, alors moi je croyais que c’était un quartier, moi.

NAÏKO – Ah ouais?

HENRY – C’est une ville!

NAÏKO – C’est une ville!

HENRY – Moi chaque fois que je voyais, un quartier, t’habites où à Paris? Bin j’habite quartier Klerm… Kremlin-Bicêtre.

NAÏKO – Non, non, non, non, non…

HENRY – Mais c’est métro, non? Y a pas un métro?

NAÏKO – Y a un métro, ligne 7, c’est… En fait, c’est une ville collée à la… en-dessous de Paris, au niveau de la Porte d’Italie.

HENRY – D’accord.

NAÏKO – Voilà.

HENRY – Ok. Bon alors, bonjour à, aux Bicêt… on dit Bicêtrois?

NAÏKO – Pfff! J’m’en rappelle plus!

HENRY – C3 * rire * Bicêtrois ça fait un peu bataille navale, quand même…

NAÏKO – Non, Kremlinois! Kremlinois!

HENRY – Kremlinois? Han! C’est trop classe!

NAÏKO – Kremlinois, Kremlinoises.

HENRY – Tu peux le dire avec une voix un peu… * râle *

NAÏKO – Qu’est-ce… quoi?

HENRY – Je suis Kremlinois?

* rires *

NAÏKO – Ich bin… c’est ça? * rires * Ich bin Kremlinois!

* HENRY rit * – Oh cette voix! Mais c’est OUF! C’est ouf la voix que tu as! Il faut que… faut qu’tu… tu as de l’or dans la bouche!

NAÏKO – Je t’ai expliqué: c’est provisoire, Henry Michel, c’est provisoire, cette voix.

HENRY – T’as la voix cassée?

NAÏKO – J’ai la voix un petit peu cassée, oui.

HENRY – Putain… Ah il faut que tu fumes plein de clopes avant tes… tes… tu fais une émission, on t’engage pour faire une voix pour Renaud…

NAÏKO – C’est ça.

HENRY – …et tu fumes plein de clopes…. Avant Renaud quoi.

NAÏKO – Ou alors je m’enferme dans ma bagnole et je crie.

* rires *

NAÏKO – Voilà. Ca marche aussi, et c’est moins mauvais pour la santé.

HENRY – J’ai jamais crié, enfin si, je crie dans la bagnole, mais contre les gens, pas…

NAÏKO – Ouais, gratuitement. Pas gratuitement.

HENRY – Oui, genre le mec qui veut… épuiser ses nerfs, là?

NAÏKO – Ouais.

HENRY – Et Naïko Skates, c’est ton vrai prénom? Ton vrai nom?

NAÏKO – Mmh… Non.

HENRY – C’est génial!

NAÏKO – Bin écoute merci, mais…

HENRY – Ah, c’est pas un vrai…

NAÏKO – Non, non, c’est…

HENRY – Aaaaah j’suis dégoûté.

NAÏKO – C’est pas mon vrai nom.

HENRY – C’est quoi ton vrai nom?

NAÏKO – Naïko Skateboard.

* HENRY rit * – Oui, ça aurait été beaucoup… beaucoup plus ridicule. Donc tu l’as écourté et ça passe mieux?

NAÏKO – Oui, je l’ai écourté. Je l’ai écourté.

HENRY – Et t’es américain alors? Euh non, pas spécialement?

NAÏKO – Euh non.

HENRY – D’accord.

NAÏKO – J’ai même pas d’affinité, tu vois, avec les skates. Avec les… * se moquant de lui-même * avec les skates! Lapsus!

HENRY – Ooooh!

NAÏKO – Avec les States.

HENRY – Ah!

NAÏKO – Non, non.

HENRY – Et les… avec le skate? Tu as fait du skate? En t’appelant Naïko Skates?

NAÏKO – Oui, oui, oui! J’ai fait du skate. J’ai fait du skate entre huit ans et huit ans et quart, à peu près.

HENRY – C’est bien. Et dans quelle ville?

NAÏKO – À Istres!

HENRY – Ouhlala lala… Les skateurs du 13, c’est les pires. Ca envoie du lourd hein!

NAÏKO – Ouais.

HENRY – D’ailleurs c’est un quart d’heure de skate, trois quarts d’heure de bagarre.

NAÏKO – Ouais. On appelle ça… Alors, on n’appelle pas ça la bagarre, ‘fin on n’appelait pas ça la bagarre, on appelait ça le… “le petit pont moulon”.

HENRY – Quoi?

NAÏKO – Bon… Le moulon, en fait. M – O – U – L – O – N.

HENRY – C’est quoi ça?

NAÏKO – Bin le moulon! Tu connais pas le moulon?

HENRY – Non.

NAÏKO – Bin, en fait, on…

HENRY – C’est marseillais, ça…

NAÏKO – Bin, c’est peut-être du 13, je sais pas. Mais le moulon, en fait, c’est comme la baston, d’accord?

HENRY – Oui…

NAÏKO – Et en fait, le… la légende du petit pont moulon, je sais pas si ça existe encore, c’est de… en fait, c’est quand on jouait au foot avec une balle de tennis…

HENRY – Ouais…

NAÏKO – Et le premier qui laissait passer la balle de tennis entre les jambes…

HENRY – Ouais…

NAÏKO – …entre ses jambes, eh bin il se faisait sauter dessus par tous les autres, et il se faisait bastonner, quoi.

HENRY – Ah dans le 06 nous on est beaucoup plus polissé…

NAÏKO – C’est vrai?

HENRY – À la rigueur un petit pantalon moulon pour sortir, mais ballon-moulon, jamais entendu parler.

NAÏKO – Petit pont moulon. Oui, vous êtes plus…

HENRY – Ah nous, chemise moulon, euh… * rire *

NAÏKO – Ouais. Petit pull autour du cou moulon.

* HENRY rit * – Voilà. Je connaissais pas ce mot. Alors Naïko, est-ce que tu sais ce que tu fais ce week-end?

NAÏKO – Ce week-end? Ce week-end, ce week-end… Oui! Non! Je ne sais absolument pas quoi faire, pardon!

* HENRY rit *

NAÏKO – Pardon! Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ce week-end, Henry Michel!?!

* HENRY rit * – C’est fou que tu me dises ça, parce que…

NAÏKO – C’est vrai?

HENRY – …ce que je te propose, c’est d’écouter mon Carnet Loisirs!

NAÏKO – Alleeez!

HENRY – Cette sélection que je réalise sur les meilleurs plans de la région, de Monaco à Saint Tropez!

NAÏKO – Non!?

HENRY – Des plans qui peuvent aller de zéro euros à… à un budget plus conséquent, mais tu trouveras forcément ton bonheur dans ma sélection.

NAÏKO – Eh bien écoute, Henry Michel, je suis tout ouïe, je t’écoute.

HENRY – Alors c’est parti pour le Carnet Loisirs.

* Générique Carnet Loisirs *

HENRY – Et c’est l’heure du Carnet Loisirs! L’occasion de profiter des loisirs de la riviera, de Monaco à Saint Tropez, en famille, ou pour pécho! Et pour ce Carnet Loisirs, cher Naïko, nous nous rendons dans la ville de Menton, que nous ne citons pas assez souvent, où il vous reste quelques jours pour participer à la deuxième édition du Festival des Sports de Plage et du Fromage Français. Un événement vraiment original qui n’existe qu’en France, cocorico! Alors le Festival des Sports de Plage et du Fromage Français a pour mission de réconcilier la pratique balnéaire, la pratique de la plage, avec la consommation de fromages français, car il s’avère, qu’en effet, Naïko, quand on est à la plage, on consomme très peu de fromage. Pour pallier à ce déficit en fromage, l’Association Nationale des Fromager Français a décidé d’allier le plaisir au plaisir, en proposant des sports de plage utilisant la fine fleur de nos fromages français. Alors il y a des démonstrations ouvertes au public, c’est vraiment hyper sympa, vous pouvez essayer tous les sports proposés. Alors ne citons que le Bûche-Volley, variante du beach-volley mais au cours duquel on se renvoie une Bûche du Poitou, hein, du Vercors, d’ailleurs. Il y a le BadminTome de Savoie, plus sportif. Alors j’ai pas adoré: les raquettes sont vraiment fines, hein, pour envoyer de la Tome, j’ai pas réussi à renvoyer une seule balle. Alors vous pouvez aussi vous rafraîchir dans l’eau, et vous amuser avec les fromages. Ne citons que le WaterPavé du Poitou, l’Ossau-Iratynautique, très technique, où vous glissez sur l’eau en ayant enfilé à chacun de vos pieds un Ossau-Iraty, ou alors pour les férus de vagues, le BodyBrocciu, même si ce délicieux fromage corse n’est pas encore tout à fait au point niveau flottaison. En ce qui me concerne, ma préférence est allée vers le FrisBrie, beaucoup plus simple: on se renvoie un Brie, et après quelques essais, on attrape vite le coup de main. Le second Festival des Sports de Plage et du Fromage Français, jusqu’à dimanche prochain, à Menton, espérons que cette édition finisse mieux que la première… où nous avions dû déplorer quelques malaises, suite à l’odeur que quatre jours consécutifs de jeux au fromage en plein cagnard avaient pu provoquer. Voilà.

* intermède musical *

HENRY – Riviera Détente, le podcast qui dilate vos membranes.

* musique *

HENRY – Alors, je voulais parler, Naïko, d’un… d’un livre que j’ai lu il y a longtemps…

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Mais comme on est dans une thématique un peu lifesplaining, quand on a une voix comme la tienne, tout conseil est bon à prendre, et puis ce côté impro, etc. ça m’a fait penser à un autre truc, c’est que, dans la vie, y’a… y’a… si j’ai une seule leçon de vie à donner elle vient de ce livre. Donc c’est important, quoi. Il y a plein de livres de développement personnel et tout.

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Mais là, c’est un livre plutôt d’un… je sais pas ce qu’il fait, lui. Euh, euh… déjà, comment il s’appelle? Il s’appelle Ma… euh… Malcom… Malcolm Gladwell, je crois, et le truc, ça s’appelle, euh… * rire * je me rappelle plus du titre! * rire *

NAÏKO – Tu l’as lu, le bouquin, hein? C’est ça?

* HENRY rit * – Non, c’est “Outliers”, un truc comme ça. Mais je donnerai les crédits dans, sur Soundcloud.

NAÏKO – Tout ça est d’une précision…

* HENRY rit *

NAÏKO – …chirurgicale.

HENRY – Ce livre est génial, parce que, il te décomplexe par rapport au talent.

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Et ça c’est magique, c’est-à-dire que… il décompose complètement la notion de talent, et je me suis dit vraiment, il faut que je parle de ça aux Rivieros, parce que c’est un livre qui se fait, qui fait se sentir bien, pour plein de choses, quoi, en fait. Alors, c’est pas du tout un livre qui essaie de te faire te sentir bien, mais moi j’ai trouvé ça super rassurant. En fait, il dit que le génie n’existe pas. Il dit que la vie n’est que chance, opportunité et répétition.

NAÏKO – Ca me va. Ca me va!

HENRY – Mais ça va à tout le monde, en fait! Parce que y’a pas de génie qui descend, comme ça, et qui a un génie tout de suite, quoi, tu vois? Et en fait, il parle, il a inventé un truc, ça s’appelle l’effet Matthieu, qui est en fait une parabole de Matthieu dans le nouvel Évangile, dans le nouveau Testament, pardon, qui dit, grosso modo, qui parle de l’injustice de la vie, il dit: “On donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on otera même ce qu’il a.” C’est chaud hein?

NAÏKO * en chuchotant * – J’ai pas tout compris…

HENRY – T’as pas tout compris?

NAÏKO – Répète? Non.

HENRY – On donnera à celui qui a…

NAÏKO – Ouais…

HENRY – …et il sera dans l’abondance.

NAÏKO – D’accord.

HENRY – Mais à celui qui n’a pas, on otera même ce qu’il a.

NAÏKO – Ah on ôtera, du verbe ôter!?

HENRY – Ouais. T’as compris quoi? On notera? * rire *

NAÏKO – Oui.

HENRY – Alors, je vous note.

NAÏKO – Fais-la moi en langue des signes, parce que… ça fera passer…

HENRY – On ÔTERA. Pardon, non mais y avait un accent mais je l’ai pas mis, avec mon accent, je l’ai pas. À celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et en fait, le mec, il te décompose le truc, c’est que le talent n’existe pas. Il s’est rendu compte, par exemple, je donne un exemple, que dans le hockey canadien, parmi les champions…

NAÏKO – Ah.

* HENRY rit * – Tout de suite, c’est lisse. Quarante pourcent des joueurs sont nés entre janvier et mars. D’accord? Et après, c’est… après c’est genre vingt pourcent, dix pourcent sur les autres mois de l’année.

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Putain il comprenait pas, quoi. Et en fait, en fouillant, il a découvert que, dans le circuit du hockey junior, la sélection des classes, elle se fait au premier janvier. D’accord?

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Donc si t’as eu dix ans le deux janvier, tu as un an de plus, quasiment, que le mec qui… qui aura dix ans fin décembre!

NAÏKO – D’accord.

HENRY – Et un an à dix ans, quand t’as dix ans… * rires *

NAÏKO – Je le regarde un peu bizarrement, c’est pour ça qu’il rit.

HENRY – Un an de différence quand t’as dix ans, c’est beaucoup.

NAÏKO – Ouais…

HENRY – Tu vois?

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Donc forcément, les mecs qui sont dans la même ligue que les petits qui ont… qui sont physiquement moins développés, ils vont se développer plus et ils vont être un peu meilleurs. Et dans le hockey canadien, y’a des sortes de Allstar team pour faire des tournées l’été, et donc si tu es pris à la fin de… dans la tournée, tu vas faire soixante-quinze matches par saison au lieu de vingt

NAÏKO – D’accord.

HENRY – Donc, on revient au truc de Saint Matthieu: celui qui a, on va lui donner, et celui, et il sera dans l’abondance, et celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a. Ca veut dire que les jeunes qui ont eu la chance de naître en janvier, donc qui ont quasiment six mois à un an physique de plus que ceux qui sont nés en juillet ou en décembre, non seulement ils vont être naturellement plus solides, costauds, etc. mais en plus, ils vont être sûrement sélectionnés pour les trucs d’été, et ils vont faire soixante-quinze matches au lieu de vingt. Donc à la fin du truc, tu as les ligues professionnelles du hockey canadien, tout ça à cause des qualifications junior, où t’as que des mecs, tu regardes les champions, c’est impressionnant, date de naissance: janvier, janvier, janvier, février, février, mars…

NAÏKO – D’accord.

HENRY – C’est génial! C’est génial comme théorie! Et en fait, il paraît, en foot anglais, euh, dans les catégories plus jeunes, la date de démarrage c’est le premier septembre, dans les années quatre-vingt-dix, y’avait trois cent joueurs dans la première ligue nés entre septembre et novembre, contre cent entre juin et août.

NAÏKO – Est-ce qu’on peut synthétiser un peu tout ça? Qu’est-ce qu’on a, qu’est-ce qu’on en retire de…

* HENRY rit *

NAÏKO – Euh… de concret?!

HENRY – Attends, tu, bin déjà, tu comprends que… y’a une injustice. Bon, y’a…

NAÏKO – Bien sûr!

HENRY – … des opportunités pour ceux qui sont nés, par exemple, dans le foot anglais, en septembre, parce que c’est la date limite, tu vois?

NAÏKO – Non.

* HENRY rit * – Alors l’effet Matthieu, on continue.

NAÏKO – C’est pas fini?

HENRY – Non, non, non! En fait, le truc de ce livre, c’est que ceux qui ont du succès se voient offrir plus d’opportunités pour en avoir.

NAÏKO – Ouais.

HENRY – C’est… c’est dégueu!

NAÏKO – C’est l’histoire de la vie!

HENRY – Ouais. Et ils ont montré, alors ensuite une autre règle, très con, et ça, c’est ça que je veux que les Rivieros retiennent: les psychologues ils ont étudié les violonistes amateurs et professionnels, et ça va vous paraître con, hein, comme découverte, mais c’est quand même important de le savoir. C’est que, plus le niveau augmentait, plus ces gens répétaient. Ils n’ont trouvé aucune personne douée qui répétait moins que les personnes pas douées. Tu comprends ce que je veux dire?

NAÏKO – J’essaie. Mais ça vient petit à petit.

HENRY – Alors là, la notion de répétition.

NAÏKO – D’accord.

HENRY – Y’a un neurologue, qui s’appelle Daniel Leitvin, qui a dit que, tout simplement, dix mille heures d’entraînement sont requises pour atteindre les niveaux de maître dans une discipline. C’est cela où je veux en venir. Et c’est là où ce livre veut en venir.

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Tu veux être bon dans quelque chose? Dix mille heures sont… d’entraînement sont requises pour atteindre le niveau de maîtrise. C’est le truc le plus scientifique qu’ils ont réussi à trouver sur le talent, c’est-à-dire que les maîtres, dans n’importe quoi, ils ont étudié des compositeurs, des athlètes, écrivains, joueurs d’échecs, des assassins, et ce nombre revenait encore et encore. Tu veux des exemples, Naïko?

NAÏKO – Non.

* rires *

HENRY * en riant * – Quel salaud! Quel salaud! T’as eu la Clio! À dix-huit ans!

NAÏKO – Ouais mec.

HENRY – J’avais un skate pourri, j’essaie de faire une émission, c’est tout ce que j’ai ce podcast, et tu me plantes mes chroniques!

NAÏKO – Non, non, vas-y, vas-y. Non mais, tu es de quel mois, toi, Henry?

HENRY – Juillet.

NAÏKO – Juillet? Ah.

HENRY – Mais moi, du coup, j’étais favori… ‘fin, favorisé, dans le sens que j’avais, déjà, un an scolaire d’avance…

NAÏKO – Oui…

HENRY – Et en plus, j’ai eu du petit… j’ai sauté une petite classe.

NAÏKO – Hééé! Pareil! On est copains de sautage de classe!

HENRY – Donc j’ai eu deux ans… deux ans d’avance.

NAÏKO – Ah ouais, deux ans!

HENRY – Bin oui, parce que comme j’étais de juillet, j’étais tranquillou…

NAÏKO – Oui.

HENRY – Tu comprends? Alors, je vais te donner des exemples quand même.

NAÏKO – Allez, des exemples!

HENRY – Mozart.

NAÏKO – Ouais…

HENRY – Bin voilà. Mozart c’est une grosse bille en fait. Le psychologue Michael J. A. Howe, dans son livre “Genius explained”, il dit que les pièces que Mozart il a fait enfant, c’est pas la folie, c’est pas des trucs de ouf. En fait, elles ont sûrement été retranscrites par son père, et euh… et les… ses sept premiers concertos, c’était surtout des arrangements de travaux d’autres compositeurs, d’accord? Il estime que le premier concerto à être considéré comme un chef d’oeuvre, le numéro 9K271, il a pas été composé avant l’âge de 21 an; à ce moment-là, Mozart composait des concertos depuis dix ans. Dix mille heures.

NAÏKO – D’accord.

HENRY – Autre exemple? Tu veux? Et là c’est le plus bel exemple. Tu connais les Beatles?

NAÏKO – Pfff, j’ai vaguement entendu parler, ouais, mais…

* HENRY rit * – Alors les Beatles, pareil! En soixante, les Beatles c’était nobody. On va dire que c’est en soixante quatre qu’ils sont arrivés aux États-Unis que ça a été la Beatlesmania et tout. C’était un groupe qui luttait un peu. Ils étaient là, à chercher des gigs, des concerts, et tout. Ils ont été invités à jouer à Hambourg, en Allemagne.

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Ils n’avaient pas de clubs de rock, à l’époque, à Hambourg, c’étaient des clubs de strip. C’était ouvert non-stop. D’accord? C’étaient des shows non-stop. Le gars qui tenait un club, il s’appelait Bruno, c’est le club il s’appelait Bruno, il a fait venir des jeunes de Liverpool, parce qu’il connaissait un type de Liverpool etc. Et le problème, c’est que là où à Liverpool les concerts ils duraient une heure, à Hambourg, les gars devaient jouer huit heures d’affilée. Huit heures d’affilée. Huit heures.

NAÏKO – Ok.

HENRY – Alors, Lennon, enfin, tous, dans leurs biographies, ils en ont parlé hein. Huit heures de concert, sept jours par semaine, cinq… euh ouais, sept jours par semaine. Ils ont joué en un an et demi, et en plusieurs voyages, 270 nuits de huit heures de concert. Ok? Avant que le succès n’éclate en soixante-quatre, ils ont dû jouer mille deux cent fois… ce qui est énorme pour un groupe. Y a des groupes qui ont même pas joué, si tu calcules le nombre de concerts etc., c’est 1200 fois, c’est la folie. Et les mecs, pendant huit heures, t’as un répertoire avec tes potes?

NAÏKO – Oui.

HENRY – Tu fais tes trente, quarante chansons!

NAÏKO – Après tu fais des covers.

HENRY – Et après tu fais des covers! Et après tu apprends une autre manière de jouer! Et la pratique, et la pratique, et la pratique, et la pratique, et la pratique…

NAÏKO – Alors j’ai une petite question.

HENRY – Oui.

NAÏKO – Euh… Comment tu expliquerais que, par exemple, Francis Lalanne, qui faisait des concerts de sept heures…

* HENRY rit *

NAÏKO – …n’ait pas eu le succès qu’il mérite?

HENRY – Alors, le mec dans le livre dit “Oui, il faut une germe. Il faut une petite pousse de talent. Mais que c’est vraiment le… la répétition et la répétition…

NAÏKO – D’accord.

HENRY – …et l’opportunité! Répétition et opportunité. Un dernier exemple: Bill Gates. Père avocat, mère riche famille de banquiers, elle allait à son association de mères super friquées, elles avaient plein de thune à dépenser, et elles ont offert au collège de Bill Gates un terminal d’ordinateurs, c’était en ‘68. Trois mille dollars à l’époque.

NAÏKO – C’était un MO5?

HENRY – Je sais pas comment ça s’appelait. Et avec ses potes, ils ont appris la programmation, ils passaient leur vie là. Et en une période de sept mois, en ‘71, Gates et ses copains ils ont déroulé 1575 heures de temps d’ordinateur, huit heures par jour, sept jours par semaine. Il était accro à ça, il a programmé non-stop pendant sept années consécutives. Et il est devenu Bill Gates le mec. Et les mecs ils ont même… qui ont étudié ça, ils ont fait un modèle prédictif de, au niveau de l’apparition de l’informatique, il y a aussi le bon moment pour devenir Bill Gates. Ils ont estimé qu’il fallait être né entre ‘54 et ‘55, en 1954-55, pourquoi? Parce que l’informatique, c’était en ‘78 ou je sais pas quoi, ‘68 à ‘78, Bill Gates, il est né en ‘55, Paul Allen ‘53, Steve Ballmer ‘56 et Jobs il est né en 1955. Donc c’est le mix dans la vie entre l’opportunité -t’es là au bon moment, ça toutes les célébrités le disent-…

NAÏKO – Bien sûr!

HENRY – …euh… et! Et la répétition, quoi. Et ce que je voulais dire aux gens, c’est que, on a tous quelque chose, et c’est ce… tous quelque chose en nous de Tennessee, déjà, et la deuxième * rire *

NAÏKO – On le sens bien…

HENRY – …quelque chose, quand je rencontre les Rivieros, je leur dis, en quoi… à quel… au bon lait de quelle ville tu es né?

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Et en quoi tu trouves que tu touches un petit peu plus que les autres? Pas en termes de compétition, mais en termes de “C’est quoi ton petit truc?”, tu vois?

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – Et ce qui est fou, c’est que le nombre d’heures qu’on va passer à faire quelque chose, des fois on va dire “je procrastine” en étant passionné de scoubidous, en faisant des scoubidous tout le temps, etc. Mais je suis persuadé que c’est exactement dans ces aberrations-là que se cache ton talent. Tu comprends ce que je veux dire?

NAÏKO – Absolument, oui.

HENRY – Et le problème, c’est que, le seul petit souci, c’est qu’avec la culture web etc. peut-être on procrastine tous sur les mêmes trucs, et c’est ça qui me fait chier.

NAÏKO – Bin, là c’est clair que le… ça nous aide pas, quoi. mais , euh… il doit y avoir aussi beaucoup de gens qui ont, comme tu dis, qui ont ce petit talent ou euh… et qui le cultivent pas.

HENRY – Ouais.

NAÏKO – Ou qui le…

HENRY – Ou qui ont honte de passer autant de temps dessus, et qui du coup arrêtent de le faire.
NAÏKO – Peut-être, oui.

HENRY – Pour faire les activités des autres, c’est-à-dire…

NAÏKO – Du handball, par exemple. Oui.

* HENRY rit * – Ou non, mais regarder les mêmes séries: tu te rends compte le nombre d’heures qu’on…? Le problème de ça. Voilà. Le problème des séries: si t’étais tout seul, toi, derrière mes écouteurs, à binger des séries comme un porc, le week-end et le soir, tu serais Monsieur Séries. Parce que tu as passé des heures et des heures, donc ton système nervo il a un, nerveux il a intégré les scénario, les trucs, les machins, c’est dans ton système nerveux, tu deviens expert. Le seul problème, c’est qu’on le fait tous.

NAÏKO – Eh oui.

HENRY – Et on se retrouve tous à être experts, et je le vois sur Twitter, comme y a certains thèmes, notamment, qui ont, je sais pas comment on dit? Syncrétisé? Beaucoup de fans hardcore, notamment le Japon.

NAÏKO – Oui…

HENRY – Je le vois, dans les Rivieros qui arrivent, passionnés de Japon. Mais vraiment! Sincèrement, profondément, et c’est très beau, et tout ce que tu veux. Mais le problème, c’est que… on est dans une époque où y a beaucoup de gens qui adorent le Japon. Mais, le problème, c’est qu’on a trop de spécialistes du Japon! Ou de jeux vidéo! Ou de séries!

NAÏKO – Ouais mais euh… Du coup, est-ce que… est-ce que le fait qu’il y ait beaucoup de gens, comme ça, qui soient spécialisés dans la même chose, est-ce que ça… est-ce que ça dévalorise ce qu’ils font?

HENRY – Absolument pas! Pas du tout.

NAÏKO – C’est pas ça que tu disais?

HENRY – Non. Je dis juste, pour trouver votre voie, peut-être qu’il y a quelque chose de plus bizarre, de moins global, sur lequel vous passiez des heures avant, cet amour de jeunesse de… cette passion de jeunesse que t’as laissée tomber parce que, bah, la vie t’emporte, et puis, une série ça fait du bien, je suis le premier à, tu vois, c’est déstressant, c’est euh.. Et c’était absolument pas un reproche! Je dis juste que… on a besoin de plus de bizarrerie. On a besoin que vous assumiez plus vos bizarreries, quoi. Si elles font pas mal aux autres personnes. Si vos bizarreries c’est de suspendre des gens dans une cave, ne le faites pas. Sauf s’ils sont consentants!

NAÏKO – Oui! Ca fait pas vraiment mal.

HENRY – Et le bondage, qui a… syncrétise beaucoup de passionnés, d’ailleurs.

NAÏKO – Exact, exact.

HENRY – Donc voilà. Donc si j’ai UN seul conseil à vous donner de ce livre, bin déjà, lisez-le, je sais que… je sais que ça va intéresser beaucoup de monde -tiens putain, faut que je fasse un lien Amazon sponsorisé, là!

* NAÏKO rit *

HENRY – La dernière fois j’avais conseillé Pitcairn…

NAÏKO – Ah oui!

HENRY – Et il ya cent personnes qui ont acheté le livre. J’avais les photos l’été, sur le sable et tout, j’ai dit Putain! Là je vais donner un lien Amazon et je vais… comme ça je gagne cinq centimes par livre acheté.

NAÏKO – Le problème c’est qu’il va falloir retrouver le titre exact de ce bouquin.

* HENRY éclate de rire *

NAÏKO – Le nom de l’auteur, tout ça… Ca va être compliqué. Allez!

* HENRY rit toujours *

* interlude musical *

HENRY – Possa incontrare Riviera Relax in Milano. Chiama Giovanna, due, due, due, tre, sette, due.

* interlude musical *

HENRY – Riviera Détente, on revient, avec notre invité. Un bel invité, j’ai envie de dire…

NAÏKO – Physiquement, tu veux dire?

HENRY – Ouais, physiquement, y a un petit… t’as un petit côté Jean Dujardin…

NAÏKO – Pfff * rire * Pardon.

HENRY – Nan mais c’est vrai! Sans la barbe. Sans la barbe, t’as un petit côté Jean Dujardin.

NAÏKO – Ah ouais?

HENRY – Ouais, il est bien ce Naïko Skate, hein! On va faire des cartes postales dédicacées pour les Riviera et les Riviero!

NAÏKO – Je veux un pourcentage là-dessus.

HENRY – Ah bin bien sûr! Je vais pas utiliser ton image comme ça euh… Je me permettrais pas, hein!

NAÏKO – Qu’est-ce qu’on fait? On négocie comme ça en direct devant les Rivieros ou pas?

* HENRY rit * – Alors tu sais que les stickers, allez, 90% des stickers Riviera Détente qui sont envoyés sont envoyés gratuitement, donc tu vas pas gagner beaucoup d’argent.

NAÏKO – C’est tout à ton honneur, mais c’est pas de ça qu’on parle.

* HENRY rit * – Alors Naïko j’suis chaud. * tape dans ses mains * Euh, t’es mon coach partenaire.

NAÏKO – Merde.

HENRY – Pas à la Patchole, mais pour de l’impro, j’suis chaud.

NAÏKO – Ah! Me voilà rassuré.

HENRY – Tu me… balance! Alors qu’est-ce qu’on fait? Dis-moi… un thème… j’ai pas le chapeau, là, pour le jeu du chapeau.

NAÏKO – On n’a pas besoin, de ça.

HENRY – Alors vas-y, fais péter un thème, bwaaaaah j’me lance! J’ai pas peur de l’échec, bwaaaaah, et je fais ça pour le fun * rire *

NAÏKO – Ouais? Un thème au hasard tu veux dire? Un thème comme ça qui…

HENRY – Ouais, vas-y! Hop, hop, hop!

NAÏKO * hésite * – Notre thème, pour cette improvisation…

HENRY – Et, et, attends!. Excuse-moi… Je dois partir du tac au tac?

NAÏKO – Non! Justement.

HENRY – On a vingt secondes?

NAÏKO – Bin, disons qu’en impro live, on doit pas partir du tac au tac, c’est-à-dire euh, y’a une partie gestuelle, physique…

HENRY – Ouais, mais on n’a pas, ça.

NAÏKO – Le… je sais qu’on n’a pas. Mais tu me poses une question je te réponds.

* HENRY rit *

NAÏKO – Le physique a son importance, donc t’es pas obligé de tout de suite euh… dérouler tout de suite dans la seconde.

HENRY – D’accord.

NAÏKO – Mais, bon, là effectivement, on est en audio, donc on va…

HENRY – On a un temps de… On a combien de temps pour euh…?
NAÏKO – Pour réfléchir au thème, tu veux dire?

HENRY – Ouais.

NAÏKO – Avant de commencer?

HENRY – Oui.

NAÏKO – Bin, on réfléchit, ça s’appelle un caucus. On réfléchit entre dix et vingt secondes.

HENRY – D’accord. Ok.

NAÏKO – Dans son coin.

HENRY – Ok. Ensemble? Je te parle à toi?

NAÏKO – On n’est pas obligés de se parler, non, ça peut être tu te parles dans ta tête à toi-même!

HENRY – Ok. Allez. Et, et… excuse-moi.

NAÏKO – Oui?

HENRY – On fait l’impro… ensemble? Tous les deux on doit mener à la victoire comique? Ou c’est l’un contre l’autre avec celui qui… Non, c’est la victoire comique, c’est Riviera Détente!?

NAÏKO – Y’a pas de l’un contre l’autre, on est tous ensemble, on est tous… tu vois?

HENRY – Bin alors je vais te dire les règles; puisque… * rires * On doit tous les deux faire un truc comique. Allez, c’est parti. Alors, je… j’attends ton thème.

NAÏKO – Bon… pffff… Premier…

HENRY – Jamais été aussi chaud. Jamais été aussi chaud de ma vie.

NAÏKO – Ok. Premier thème: le hammam de l’espace.

* HENRY rit * – Le hammam de l’espace! Ha ça a commencé le caucus? Attends, attends! Ohlala! Pfff… Voilà, ça y est. C’est parti.

NAÏKO – Respire fort.

HENRY – Bonjour…

NAÏKO – Oui?

* HENRY rit * – Tu dis oui quand on dit bonjour?

NAÏKO – Je sais pas, on se connaît pas forcément…

HENRY – Y a pas des pénalités là?

NAÏKO – Euh, pfff, si, parce que t’as dit “Bonjour”; normalement on dit jamais “bonjour. Donc c’est toi le…

HENRY – On dit pas “bonjour” en impro?

NAÏKO – Non!

HENRY – Mais parce que je viens d’arriver, c’était pour montrer le côté awkward du truc.

NAÏKO – Mais imagine…

HENRY – D’accord. Ok on la refait! Hammam de l’espace, première.

NAÏKO – Ok.

HENRY – Je ne vous salue pas Monsieur.

NAÏKO – Il fait chaud, non?

HENRY – Eh bin c’est le principe du hammam, en tout cas sur ma planète. Après… C’est la première fois que je vais dans un hammam mixte.

NAÏKO – Aaah.

HENRY – Et les Vénusiens, j’ai rien contre vous hein! Mais… c’est la première fois.

NAÏKO – Vous vous méprenez, Monsieur. Je ne suis pas Vénusien.

HENRY – Ah bon?

NAÏKO – Non.

HENRY – Cette triple oreille, pourtant, est très emblématique de…

NAÏKO – Non, non, non, non, non.

HENRY – Attendez, tendez, tendez… Cette petite, ce petit nez qui pend, là, c’est pas Venus?

NAÏKO – Vous êtes en train de me vexer, Monsieur.

HENRY – Vous êtes métisse?

NAÏKO – Exactement.

HENRY – Vous êtes venus-quelque… veno-quelque chose?

NAÏKO – Je suis veno-saturno…

HENRY – Ah ouais!

NAÏKO – Ouais.

HENRY – Vous avez trois parents? Vous êtes Castos?

NAÏKO – Beaucoup plus que ça!

HENRY – Vous êtes Castos!

NAÏKO – Entre autres, oui.

HENRY – Ohlala! C’est la première fois que je vois un Castos!

NAÏKO – Ca vous dérange pas qu’on… qu’on soit dans le même hammam?

HENRY – Mais non, non, non! J’ai rien contre les Castos, on entend beaucoup parler de vous, mais on vous voit peu.

NAÏKO – Bin euh… on se fait discrets, quoi, ‘fin je sais pas, c’est dans… c’est dans notre nature. HENRY – Ah ouais. Et vous êtes quoi, alors? Vous êtes Fyton? Euh…?

NAÏKO – Fyton! * rire *

* HENRY rit * – Excusez-moi…

NAÏKO – Je savais que vous alliez me vexer.

HENRY – * rire * Par contre, la serviette est obligatoire, y’a un… y’a un de vos deux sexes qui… qui dépasse un petit peu. Enfin bon, après… C’est ma petite rigueur…

NAÏKO – Oui, oui. Chacun ses… Chacun ses petits blocages! J’ai envie de dire.

HENRY – Ma petite rigueur terrienne! Je sais qu’on est les râleurs de…

NAÏKO – Les râleurs de la galaxie?

HENRY – Les râleurs de la galaxie, mais…

NAÏKO – On vous connaît bien pour ça! Moi c’est pour ça que je ne vous ai pas adressé la parole tout de suite! Je… je savais que ça allait mal se finir.

HENRY – Impossible n’est pas terrien Monsieur!

NAÏKO – Pff!

HENRY – On est peut-être un peuple de râleurs, mais je peux vous dire que niveau cuisine, vous goûterez jamais rien de mieux que la cuisine terrienne.

NAÏKO – J’ai entendu ça tellement de fois! Tellement de fois…

HENRY – Ah bon?

NAÏKO – Ouais.

HENRY – Citez-moi UN plat Castos qui vaut le détour?

NAÏKO – Un plat Castos? Mais j’en ai des milliers!

HENRY – Eh bin…

NAÏKO – Je commence par où?

HENRY – Un seul!

NAÏKO – Plat? Dessert? ‘Fin j’sais pas, vous avez une préférence?

HENRY – Plat salé, un plat principal.

NAÏKO – Bin le glutos, par exemple.

HENRY – Pff! Le glutos! * ricane * Mais pour UN glutos, je vous sers un boeuf bourguignon de terrien, une salade Thaï…

NAÏKO – Ah mon dieu!

HENRY – Euh, un… je sais pas, moi, un rougail réunionnais, un hamburger américain… Et vous, vous me proposez un glutos?

NAÏKO – Américain?

HENRY – Ouais.

NAÏKO – Si on en restait là?

* HENRY rit * – Pourquoi “si on en restait là”?

NAÏKO – Bin parce que je, ‘fin je sais pas si c’est la peine qu’on continue cette conversation, moi je… Je me sens déjà assez mal à l’aise, à côté d’un Terrien…

HENRY – Je comprends que vous soyez un peu… euh, que vous soyez un peu vénère sur les Terriens à cause de ce que Trump a fait, mais ce petit bombardement d’Alpha du Centaure, ils l’avaient pas volé complètement. Moi je… je vous le dis euh…

NAÏKO – Je vais pas vous contredire là-dessus. Je vais pas vous contredire là-dessus.

HENRY – Bin voilà!

NAÏKO – Si y’a bien un point sur lequel on se rejoint, c’est… c’est oui, c’est…

HENRY – Les mecs d’Alpha du Centaure, voyez…

NAÏKO – Ah ouais, non, non, non.

HENRY – Quand y en a un, y en a… y en a cent, quoi, tu vois?

NAÏKO – On parlait des Fytons mais… Non, non, les gars d’Alpha…

* HENRY rit *

NAÏKO – C’est des grosses raclures. Ca, je suis bien d’accord avec vous.

HENRY – Est-ce que Patrick Patrick, qui est spécialiste des Castos sur Terre, il est connu chez vous? Il est, c’est un… citoyen d’honneur? Ou est-ce que vous le connais… vous euh… Vous le connaissez, ou pas?

NAÏKO – Bin j’ai entendu parler, ouais, vaguement. Je crois qu’il a une petite statue quelque part dans une ruelle sombre…

HENRY – Ohlala! Dans votre capitale?

NAÏKO – Bin… Non, non, non! Non, non! * rire * Non, en banlieue, en banlieue.

HENRY – Ah, en banlieue!

NAÏKO – Oui, oui, en banlieue. Euh, non, non, mais il a une petite statue, je parle de statue, entendons-nous bien, euh… c’est pas une statue à proprement dit, c’est une sorte de petit moulage à…

HENRY * en riant * – Un petit macro-moulage?

NAÏKO – Ouais. C’est… Je me demande si ça n’a pas été fait dans de la… Non, pas de la matière fécale… dans la…

* HENRY rit *

NAÏKO – Non, non, mais, bon, il a, il a ses… il a ses adeptes, hein! C’est… ouais, ouais, ouais.

HENRY – Ah! Vous voulez dire qu’il y a des ad… des Castos qui sont de véritables adeptes, qui font le culte de Pat…

NAÏKO – De Patrick Patrick!

HENRY – C’est un mini dieu, chez les Castos, pour certains?

NAÏKO – C’est ça. Pour certains.

HENRY – Oh! Elle s’appelle comment cette religion?

NAÏKO – Cette religion?

HENRY – Oui.

NAÏKO – Euh… ça s’appelle le…

HENRY – Ce culte?

NAÏKO – Bin, attendez. Attendez que ça me revienne…

HENRY – Patrisme?

NAÏKO – Non, non, non, non. C’est pas aussi simple. C’est pas aussi simple.

HENRY – Patrick-Patrisme?

NAÏKO – Patrick-Patrisme!

* HENRY rit *

NAÏKO – Bin vous connaissez alors!?

HENRY – Bin oui, non, parce qu’il y a quelques Rivieros qui… qui sont un peu Patrick-Patristes.

NAÏKO – Oui. Bin ça m… Quelque part ça m’étonne pas.

HENRY – Ah oui?

NAÏKO – Oui, oui, oui. Ouais, ouais.

HENRY – Parce que c’est un garçon joyeux, gentil…

NAÏKO – Joyeux, gentil, il articule bien…

HENRY – Oui.

NAÏKO – Ca c’est important pour nous autres.

HENRY – Rholala, le voice shaming que vous êtes en train de faire sur Patrick Patrick! * rire *

NAÏKO – Non! Pas du tout. On est…

HENRY – Bin moi j’ai fini parce que les Terriens, on se lasse très vite, quoi. Et là ça fait quinze minutes de hammam, je transpire déjà, je vais sortir hein.

NAÏKO – Bon bin écoutez, vous avez le…? Vous avez le puit d’eau froide là-bas.

HENRY – Oui. Je vais le faire. Et vous savez que le hammam est une invention terrienne, hein! Donc vous pouvez dire merci à notre ingénierie, et au Maroc, que je salue.

NAÏKO – Quel dédain!

HENRY – Bonne journée Monsieur le Castos!

NAÏKO – Quel dédain…

* interlude musical de gros son *

HENRY – C’est marrant parce que dans ma vision des Terriens dans l’espace, pour moi, c’est les… comment dire? Le rapport qu’auraient les Terriens avec les autres planètes, pour moi c’est le rapport qu’ont les Français avec le reste du monde.

NAÏKO – Avec le reste du monde? Ouais, ouais. Non mais c’était bien vu ça!

HENRY – Non, non, mais c’était pas ça, c’est que je pense, en théorie, et alors que c’est con de dire ça, peut-être qu’on aura des autres planètes beaucoup plus… avec beaucoup plus de défauts, de trucs comme ça, mais pour moi, les Français, c’est emblématique de ce que serait le Terrien avec les autres pays. C’est aimer la bonne chair…

NAÏKO – Ouais.

HENRY – …c’est être râleur, tu vois? C’est marrant. Alors est-ce que les Italiens pensent…? Ouais, je pense que les Italiens pensent que la Terre, pour les extraterrestres, c’est les Italiens. Tu vois ce que je veux dire?

NAÏKO – Bin, je pense que chacun voit midi à sa porte. C’est pourri comme expression mais c’est un peu ça quoi.

* HENRY rit * – Non mais j’aime bien l’idée que…

NAÏKO – Non, ça ne veut rien dire d’ailleurs.

HENRY – …les Terriens soient… soient des Franchouillards râleurs. Ah j’y crois. J’y crois pas mal. Bon allez, deuxième impro.

NAÏKO – Allez.

HENRY – Euh… C’est moi qui fais le thème, maintenant.

NAÏKO – Mais, je veux bien, oui.

HENRY – Alors. Euh… le thème… euh… Contrôle fiscal chez Lord Bisou.

* caucus silencieux sur fond musical en sourdine *

NAÏKO – Il me manque… Il me manque deux ou trois papiers, là, Monsieur… Monsieur Bisou.

HENRY – Oh écoutez Monsieur, quand j’ai commencé l’activité, il y avait pas tous ces… C’était très informel. Je peux pas… Impossible de calculer toutes les licences qui tombent à chaque fois qu’il y a un bisou qui tombe, Monsieur! À un moment donné, je comprends votre métier, je le respecte…

NAÏKO – J’espère bien!

HENRY – Mais ma bonne foi doit servir, quand même, de… Je crois que, au quotidien, vous utilisez mes bisous? Donc à un moment donné, mon brave…

NAÏKO – Sans doute, Monsieur, vous êtes peut-être de la… de la noblesse, ça n’enlève en rien vos obligations! Enfin, je veux dire, y’a des comptes à… comptes à tenir, et euh… Je suis désolé, mais moi je, pour mon contrôle, il me faut ces rapports! Il me faut ces rapports.

HENRY – Je compte sur la bonne foi des gens pour me signaler quand ils font des bisous, il y a un télex, un fax, voyez, aujourd’hui j’en ai reçu trois…

NAÏKO – Monsieur! S’il-vous-plaît… Monsieur.

HENRY – J’en ai reçu trois! Y a eu… Je suis sûr qu’il y a eu plus de bisous réalisés sur Terre aujourd’hui que trois bisous!

NAÏKO – Si je suis là c’est pour une bonne raison! C’est qu’il y a un problème.

HENRY – C’est surtout… changement de gouvernement et la chasse aux sorcières! Voilà. C’est ça que je veux vous dire.

NAÏKO – Non, non, non, non. Pas de ça entre nous.

HENRY – J’ai fait une connerie, je me suis engagé politiquement, et j’ai compris: contrôle fiscal sur mes bisous, alors que je vous ai vu… votre… votre candidat, -puisque j’imagine que vous êtes de l’autre côté, hein? Pour être envoyé ici- faire des bisous à sa femme. Je n’ai reçu aucune déclaration, hein!

NAÏKO * autoritaire * – Aucune considération de cet ordre, Monsieur, pas avec moi! D’accord? Je suis là pour quoi? Un travail, je fais mon métier. D’accord? Vous avez pas à me parler sur ce ton.

HENRY – Excusez-moi Monsieur. Vous avez une épouse?

NAÏKO – En quoi ça…

HENRY – Vous avez des enfants?

NAÏKO – En quoi ça vous regarde?

HENRY – Est-ce que ce matin, au sortir de votre domicile, vous avez effectué un bisou à un de vos proches?

NAÏKO – Monsieur je vous retourne une question.

HENRY – Oui?

NAÏKO – À chaque bisou…

HENRY – Oui.

NAÏKO – …vous touchez?

HENRY – Oui. Mais, je n’ai pas reçu… Je n’ai reçu aucune notification de bisou de votre part…

NAÏKO – Mais…

HENRY – Je vais regarder. Si vous aimez tellement la paperasse…

NAÏKO – Attendez! Si vous n’avez reçu aucune notification…

HENRY – Quel est votre nom, déjà, Monsieur?

NAÏKO – Euh… Enculax.

HENRY – Vous avez votre carte, là?

NAÏKO – Maître Enculax.

HENRY – Non, non, non, je vais mettre… C’est quoi le mot?

NAÏKO – Le…

HENRY – Lefébur?

NAÏKO – Pardon?

HENRY – Lefébur?

NAÏKO – Lefébur, c’est euh…

HENRY – Votre nom?

NAÏKO – C’est le nom du cabinet, ça.

HENRY – Votre… Vous vous appelez comment?

NAÏKO – Enculax.

* HENRY rit *

HENRY * se reprenant un peu * – Ok… Alors, Enculax. Votre prénom?

NAÏKO – Euh… Jean-Eudes.

HENRY – Jean-Eudes Enculax * refrène un rire * Voilà.

NAÏKO – Attendez, vous êtes en train de… ouais, non.

HENRY – Alors. Très étrange!

NAÏKO – Ah.

HENRY – Déclaration de licence bisou… j’en ai reçu qu’une de votre part!

NAÏKO – Oui.

HENRY – En août 87. Vous avez réalisé un bisou, les 13 et 14. Vous n’avez jamais effectué de bisou après cette date?

NAÏKO – Vous êtes en train de monter sur vos grands chevaux, ça ne vous a… ça ne vous arrangera en aucun cas sur votre contrôle, Monsieur.

HENRY – Vous n’avez jamais réalisé de bisou après le 14 août 87?

NAÏKO – Vous agravez même votre cas!

HENRY – Parce que c’est moi qui vais vous contrôler, Monsieur!

NAÏKO – Ah! Vous contrôlez également?

HENRY – Oui. Parce que les bisous, c’est moi.

NAÏKO – Écoutez, si vous avez reçu une notification de bisous, c’est qu’il y a eu un bisou, Monsieur.

HENRY – Vous n’avez pas effectué de bisou depuis 1987? Ha! Bin je comprends pourquoi vous êtes inspecteur des impôts!

NAÏKO – Bin voilà! Si je peux vous aider à quelque chose, hein!

HENRY – Ho ho ho! Alors là je comprends bien. Allez-y, faites vous plaisir, mon gars: ça doit pas être très drôle pour vous la… Ho ho ho! Mon dieu…

NAÏKO – On reparle de ces rapports de bisous qui manquent, là? Je veux dire de… les…

HENRY – Un seul bisou entré depuis 1987! Mon pauvre gars. Incompréhensible les gens. Allez-y! Verbalisez-moi, je m’en fous!

NAÏKO – Ah?! Bin écoutez…

HENRY – Avec votre telle mauvaise foi… Vous, c’est vous qui avez… À mon avis, malgré votre… votre… votre physique ingrat, et votre antipathie, vous avez réalisé des bisous depuis 1987! C’est vous qui me les cachez, et c’est moi qui vais vous coller une inspection au cul, oui.

NAÏKO – Les comptes vont être vite faits, Monsieur. ‘fin, Monsieur “Bisou”, si c’est bien comme ça que vous vous appelez! Hein?

HENRY – Ah d’accord.

NAÏKO – Parce qu’il me semble que… bon.

HENRY – C’est bien tout ce qui me reste! On m’a tout pris! Alors… continuez à tout me prendre! Quoi que je fasse, je pourrais être seul, Monsieur, avec ma bouteille de cognac, et ma chaise dans mon jardin, et il me restera les bisous. Et croyez moi, ceux-là, vous les aurez pas.

NAÏKO – Votre bouteille de cognac elle vaut combien? À votre avis?

HENRY – Elle vaut tous les bisous que vous m’avez cachés depuis 87.

NAÏKO – Je n’ai caché aucun bisous. Donnez moi cette bouteille!

HENRY – Vous allez me dire que vous avez jamais fait de bisous depuis 87?

NAÏKO – Monsieur Bisou donnez moi cette bouteille!

HENRY – Que la bonne année vous la souhaitez en serrant la main?

NAÏKO – Écoutez, j’ai fait ping-pong, hein! Ping-pong en troisième, j’ai un revers de fou, ne me provoquez pas! Donnez moi cette bouteille de cognac, Monsieur Bisou!

HENRY – Elle est vide. Prenez la. Je reste seul avec mes bisous. Mais je vous emmerde, Monsieur, parce que je suis Français, et que je vais pas me faire marcher par la tête par des technocrates de Bruxelles. Gardez-les vos… vos serrages de mains.

NAÏKO – Je les garde. Je garde tout. Même la bouteille vide. Je ne vous dis pas aurevoir, Monsieur.

HENRY – Oui. Bin je vous fais un gros bisou, et ça me fait dix balles de plus! Et je vous emmerde!

* interlude musical *

HENRY – * rire * Putain comment c’est dur quoi! C’est tellement dur! C’est tellement dur…

NAÏKO – Aïe, aïe, aïe…

HENRY – Non, non, je suis obsédé par l’idée de… qu’on soit tout le temps drôle, et… et c’est tellement dur, quoi!

NAÏKO – D’être drôle? Tu veux sortir des punchlines à la… à chaque phrase?

HENRY – Non, non, mais je, je… je sais pas! Si je… Non, non, mais c’est… C’est, c’est… c’est l’apprentissage, hein! C’est passionnant, parce que, en même temps, tu crées tellement de petits univers, et c’est ce que j’avais vu dans votre répète…

NAÏKO – Ouais…
HENRY – …ce qui est génial…

NAÏKO – Ouais…

HENRY – À un moment, vous faisiez un truc où y avait quelqu’un au centre, et des gens en rang qui venaient au fur et à mesure, et ça durait six secondes! Par personne.

NAÏKO – Ca s’appelle un goaler.

HENRY – Un goaler?

NAÏKO – Un goaler, ouais.

HENRY – D’accord.

NAÏKO – T’as une personne, toute seule, et t’as le groupe en face, et à tour de rôle * se reprenant * à tfour de rôle, * avec un accent russe * à tourrr de rrrôle * voix normale * les gens qui sont un par un, qui sont dans le groupe, viennent en face de la personne qui est toute seule, et proposent un personnage, une situation, et c’est vrai que c’est super court. En… en une phrase, il faut qu’on comprendre, qu’on comprenne la relation entre les personnages etc.  Bon après c’est… c’est juste pour s’entraîner à fabriquer des personnages différents chaque fois…

HENRY – Oui…

NAÏKO – Et euh, et à jouer sur la réaction de l’autre aussi, à construire quelque chose en un temps… en un temps très, très court.

HENRY – Et ce qui m’a vraiment impressionné, c’est que donc, c’est cinq secondes, cinq secondes, cinq secondes, et à chaque fois c’est des univers, pouac! Pouac! Pouac!

NAÏKO – Oui.

HENRY – De configurations différentes qui… qui, qui s’enchaînent comme ça, c’est vraiment euh… C’est Pretty Woman! C’est * chante les premières notes de la chanson de Pretty Woman * ta-ta-ta-ta-ta-ta, le gars il vient et il fait tous les vêtements différents à chaque fois où tu vois tous les trucs.

NAÏKO – Exactement.
HENRY – C’est vraiment génial.

NAÏKO – Mais c’est… C’est ça qui est primordial aussi quand tu commences une impro, c’est d’arriver à… à faire comprendre tout de suite au public qui tu es.

HENRY – Oui.

NAÏKO – Qui la personne en face est, par rapport à c… au personnage que tu es, toi, si possible où vous êtes, voilà. Et tu pars de juste… cette petite base-là, et après bin pff! Après ça part là où ça part.

HENRY – Donc en fait, la phrase d’entame est capitale, quoi.

NAÏKO – Bin elle a son importance, ouais.

HENRY – Ouais donc c’est vrai que “Bonjour” euh…

NAÏKO – Voilà! “Comment allez-vous, Monsieur?” “Ah très bien! Et vous?”

* HENRY rit *

NAÏKO – “Bin ça va pas mal, et vous?” “Ah, vous venez souvent par ici?” Bin… voilà. Là t’as perdu… t’as perdu trente secondes et…

HENRY – Alors que… “Vous êtes sûr que votre petit sait faire du tire-fesses?” Là tout de suite, tu, tu…

NAÏKO – Bin voilà! Mais putain on est aux sports d’hiver, t’as un gamin, ‘fin, tu vois, c’est…

HENRY – Oui.

NAÏKO – Y’a tout de suite… ça pose… Exactement. C’est exactement ça. Toi tu, rien qu’avec cette phrase, la personne qui pose cette question, voilà, est un moniteur de ski, il s’adresse à un père qui a un gamin, ‘fin j’sais pas, y’a plein, en une phrase y’a plein de choses qui se mettent en place!

HENRY – Ouais.

NAÏKO – Le lieu: t’es, tout de suite, t’es… ‘fin bon.

HENRY – Ouais, ouais.

NAÏKO – Tu vois? Il suffit de…

HENRY – Ou alors euh… “Non Monsieur, je ne ferai pas une troisième annonce au micro pour retrouver votre femme.”

NAÏKO – Voilà.

HENRY – “Vous avez quarante-cinq ans, vous êtes à Auchan…”

NAÏKO – Là t’as même pas besoin de le dire!

HENRY – Ouais, ouais, ouais.

NAÏKO – T’as pas besoin de le dire, ça.

HENRY – Ouais. Ouais. * pause * Allez, on la fait! “Non Monsieur, je ferai pas une troisième annonce au micro pour retrouver votre femme.”

NAÏKO – Maaaiiiiis… Euuuh… Oui, mais je l’ai perdue, là! Et moi j’en ai besoin!

HENRY – Vous m’avez l’air, vous avez l’air d’être un grand garçon, euh, ça arrive d’être égaré de sa femme, vous y allez! Vous avez quoi? Quarante ans? Qu’est-ce que vous me cassez les couilles, là? Allez, laissez… Laissez-moi faire, y’a des enfants qui sont perdus Monsieur.

NAÏKO – Monsieur! S’il-vous-plaît! Mais c’est… c’est… l’âge n’a rien à voir avec ça! Moi j’ai besoin de ma femme! Retrouvez la, faites une petite annonce, ça vous coûte rien! Enfin!

HENRY – C’est la dernière fois que je vous la fais, hein! Re-dites moi son prénom?

NAÏKO – Pourquoi? On s’est déjà vus? Bin, son prénom c’est… c’est… C’est Gigi.

HENRY – C’est son vrai prénom? C’est pas Ghislaine, ou un truc comme ça?

NAÏKO – Pfff…

HENRY – C’est Gigi? Peut-être que…

NAÏKO – Si vous l’appelez par son vrai prénom elle se reconnaîtra pas. Dites Gigi, elle va se reconnaître.

HENRY – Oui, moi je suis une hôtesse. Peut-être que elle s’attend pas à ce qu’une hôtesse connaisse son petit prénom? Vous comprenez? Ou alors je dis Gi…gi… ou alors je dis Ghislaine Gigi.

NAÏKO – Vous êtes en train d’en faire toute une histoire alors que moi, je cherche ma femme, j’ai besoin de ma femme, c’est… sans ma femme je ne suis RIEN! D’accord? Hein, je suis paumé entre les surgelés et les salades vertes! Voilà, je…

HENRY – Elle était où la dernière fois que vous l’avez vue?

NAÏKO – Elle déambulait, comme d’habitude, je ne sais… je ne sais pas, moi! Euh… au rayon… presse? Ou euh… au rayon serviettes hygiéniques? J’en sais rien! Ou au rayon alcools forts? Au rayon alcools forts! C’est ça! C’est là que je l’ai vue la dernière fois.

HENRY – Je vais faire une… une annonce.

NAÏKO – Merci Monsieur, merci! * pause * Mademoiselle, pardon! C’est vrai que le physique est un peu…

HENRY * avec la réverbe de micro de supermarché qui va bien * – Mesdames et Messieurs, annonce, excusez-nous: nous cherchons Gigi qui…

NAÏKO – Gigi!

HENRY * toujours au micro * – …buvait de l’alcool ou qui était euh…

NAÏKO – Gigi!

HENRY * au micro * – …qui était aux petites culottes.

NAÏKO – Gigi où es-tu?

HENRY * au micro * – Gigi, revenez, y’a un grand garçon, là, euh… comment vous vous appelez?

* NAÏKO sanglote *

HENRY * au micro * – Quel est votre prénom?

NAÏKO – Philibert.

HENRY * toujours au micro * – Gigi, sortez des… du truc de…

NAÏKO * criant * – Gigi je t’aime!

HENRY * au micro * – Y’a… * petit rire * y’a Philibert qui vous cherche.

NAÏKO – Reviens!

HENRY * au micro * – Merci de venir le chercher parce que là il…

NAÏKO – Je la vois!

HENRY * au micro * – …il est dur à tenir.

NAÏKO – Je la vois! Je la vois!

HENRY * au micro * – Ah c’est bon.

NAÏKO – Je la vois, elle est là!

HENRY * au micro * – Voilà.

NAÏKO – Chouchou mais qu’est-ce que tu foutais? * tape dans ses mains *

HENRY * au micro * – Ah mais c’est… vous auriez dû me dire que c’était un chien, Monsieur. On a perdu beaucoup de temps avec ces… avec vos conneries, hein.

NAÏKO – Bin c’est… S’il faut tout vous dire, maintenant.

* HENRY rit au micro *

NAÏKO – Je l’ai retrouvée c’est le principal. Merci, Monsieur-Mademoiselle. Merci.

* interlude musical *

HENRY – Et Naïko je ne t’ai pas demandé ce que tu faisais. Tu as… C’est ton métier euh… joueur d’impro. Ou t’as un autre métier?

NAÏKO – Ah c’est mon métier à plein temps. Non je plaisante. Non, non euh… Non, je suis euh… je suis réflexologue.

HENRY – Réflexologue…

NAÏKO * approuvant * – M-mh. Mmh.

HENRY – C’est quoi? C’est… tu envoies des balles aux gens, très vite, sans prévenir? En disant “réflexe!”?

NAÏKO – Exactement. Je vise entre les deux yeux.

* rires *

HENRY – Réflexologue? Bin alors, c’est vraiment le podcast des gens qui font des…

NAÏKO – Qui font n’importe quoi. Dans leur vie. Ah non.

HENRY – …qui font des trucs pour faire du bien aux autres gens?

NAÏKO – Ouais, c’est un peu ça. Bin écoute, la…

HENRY – C’est quoi la réflexologie? Honnêtement, je connais pas du tout, je sais pas ce que c’est du tout.

NAÏKO – Bin c’est… C’est une médecine douce…

HENRY – Oui…

NAÏKO – Voilà…

HENRY – Donc ça finit au pieu, comme le Reiki, non? C’est pas ça?

NAÏKO – Ca commence au pieu.

HENRY – Ha! D’accord. * rire *

NAÏKO – Allons droit au but!

HENRY – Ah oui, le mari tape à la porte, et tu dois avoir le réflexe de partir. * rire *

NAÏKO – Exactement. * rires * Non, c’est une médecine douce, en fait, qui euh… en fait, ça consiste en de la manipulation sur des zones bien précises qui se situent sur la plante des pieds, et sur la paume des mains.

HENRY – Ohlala, je suis tellement chatouilleux, je pourrais jamais faire ça.

NAÏKO – Mais… faut essayer, on sait pas. ‘Fin voilà. On pratique sur ces… on manipule ces zones pour une raison bien précise, c’est qu’il y a énormément de terminaisons nerveuses sur la plante des pieds et la paume des mains, et en fait c’est le système nerveux qui va relier toutes zones, euh… qui va relier toutes ces zones, en fait, à tout le reste de l’organisme.

HENRY – C’est des sortes de hub nerveux…

NAÏKO – Exactement. C’est une interface, si tu veux.

HENRY – Ah ouais?

NAÏKO – Une interface sur euh… c’est une porte d’entrée sur tout l’organisme.

HENRY – D’accord.

NAÏKO – Et en fait, le fait de manipuler euh, donc ces zones réflexes, ça va envoyer un influx nerveux à la zone qui est concernée…

HENRY – Ouais…

NAÏKO – C’est-à-dire y’a, telle zone correspond au foie, aux reins, aux poumons, etc. Alors y’a tous les organes qui sont concernés, on agit aussi sur l’aspect structurel, la colonne vertébrale, les articulations, et on agit aussi sur tout le système endocrinien. Donc tout le système hormonal. Et euh… et donc c’est le fait de manipuler telle ou telle zone, en fait ça va envoyer un influx nerveux, ça va stimuler l’organe qui est en regard de cette zone, et ça va rétablir… en fait, le fait de le stimuler, ça va rétablir un fonctionnement normal. On va dire.

HENRY – D’accord. Mais alors, est-ce que c’est précis au point que tu peux me… me toucher un truc qui est dans la main très fort…

NAÏKO – Oui.

HENRY – …me faire sentir un truc dans le ventre, ou… non?

NAÏKO – Non. Par contre, c’est très précis, c’est-à-dire que, on peut toucher des points sur le pied ou la main, qui vont faire mal au niveau du pied ou de la main.

HENRY – Oui.

NAÏKO – Ouais. T’as les… tu fais quoi? Ouais, ouais.

HENRY – Ah oui, oui, je peux te faire mal à la main sans être réflexologue, quoi.

NAÏKO – Euh, oui. Simplement, tu peux… On peut, je peux te toucher un point douloureux sur la main alors que tu n’as absolument pas mal à la main ou au pied quand tu marches, par contre, si tu veux.

HENRY – Oui, oui. Oui.

NAÏKO – Et en fait, c’est, ces points correspondent vraiment à des organes qui sont… bin qui ont des problématiques.

HENRY – Ah d’accord! C’est donc, là où j’ai mal, sur des points que tu vas scanner, c’est un organe qui est pas au top.

NAÏKO – Qui… voilà. Qui est pas au top.

HENRY – C’est cool! Ca devient le salon des médecines douces, Riviera Détente, en fait.

NAÏKO – C’est vrai, t’avais…

HENRY – Pourquoi je connais autant de personnes qui… qui font des trucs douces?

NAÏKO – Tu les attires.

* rires *

NAÏKO – Tu as besoin.

HENRY – En tant que patient? Ou en tant que collègue?

NAÏKO – Ah! Ah!

HENRY – En tant que confrère. Je sais pas, c’est une bonne question.

NAÏKO – Un peu les deux, un peu les deux! Pourquoi pas?

HENRY – Ca fait combien de temps que t’es sur la riviera, du coup?

NAÏKO – Alors, ça fait… euh… ça fait un peu plus de, ouais, bientôt quatre ans. Je suis descendu, je suis REdescendu, parce que je suis originaire d’ici, donc…

HENRY – Ouais.

NAÏKO – ‘fin…

HENRY – Pas d’ici, de Marseille.

NAÏKO – Je suis né à Cannes.

HENRY – Ouais, t’es né à Cannes, mais t’as la mémoire de tes premiers jours à Cannes? T’as pas des quartiers de… tu vois? De coeur.

NAÏKO – Euh… J’ai mes grands-parents, j’ai passé toute mon enfance à… voilà.

HENRY – Ah d’accord! T’es né Chemin Saint Nicolas?

NAÏKO – Non. Non, non. Non.

HENRY – D’accord. T’es pas né à la Clinique Saint Nicolas.

NAÏKO – Ah peut-être! Peut-être si, je suis né à mon avis dans une clinique qui n’existe plus dont je connais pas le nom, à la Bocca, quoi.

HENRY – Y’a beaucoup de gens qui sont nés à la Clinique Saint Nicolas.

NAÏKO – Ah ouais, ouais, je suis redescendu euh… été 2013. Après plus de vingt ans euh… plus de vingt ans passés en région parisienne.

HENRY – Le bisou en août deux mille… deux mille…

NAÏKO – C’est pas moi!

* HENRY rit * – Ca c’était pas toi?

NAÏKO – Non, c’était pas moi.

HENRY – C’était le Maître Enculax? * rire *

NAÏKO – Ouais, Enculax.

HENRY – Du Cabinet Lefébur. * rire *

NAÏKO – Exactement!

HENRY – Qu’est-ce que je voulais aj… Question que je pose souvent, aux gens qui… qui habitent ici. Déjà, bon. Déjà, ça me fait plaisir de voir quelqu’un qui était à, qui était en région parisienne et qui est redescendu dans le, dans son pays natif. Et je sais pas si j’ai déjà dit, je crois que je l’ai déjà dit mille fois dans Riviera Détente, mais je sais que la deuxième partie de ma vie, euh ma vie de retraité, sûrement, sera consacrée à aider les gens…

NAÏKO – À redescendre?

HENRY – …à redescendre. Mais pas seulement… Alors y’a beaucoup d’associations, notamment caribéennes, en Outremer, qui aident… qui aident les gens à… revenir, chez eux. Alors c’est pas du tout, encore une fois, les gens interprètent mal, souvent, le côté anti-Paris, du tout. Moi ce qui me dérange sur Paris, c’est justement le cumul de défauts qui sont dûs à la surpopulation, qui est causée elle-même par un centralisme à outrance, qui… qui dénue toutes nos régions de talents, et qui fait en sorte que les Parisiens se plaignent, parce qu’il y a trop de monde, que les transports sont bondés, qu’y’a la promiscuité, que les loyers sont trop chers, mais parce que c’est un cercle vicieux qui s’auto-dévore, quoi.

NAÏKO – Mais, une petite question: tu veux faire redescendre les gens même si… même s’ils ne veulent pas?

* rire d’HENRY *

HENRY * imitant Jean-Marie Le Pen * – Tout à fait, n’est-ce pas!

NAÏKO – Aaah n’est-ce pas!

HENRY – Ouais, c’est, on va… Tout le monde chez eux. On va ramener tout le monde chez eux… Non. Non, non. Je veux faire redescendre les gens qui… je… Y’a plein de gens, et euh… Je veux vraiment le faire de manière douce, des gens qui se plaignent beaucoup, qui se disent, vous êtes beaucoup dans le… je le sais, pour parler à beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens, que, vous êtes… beaucoup de gens sont montés à Paris par obligation…

* NAÏKO acquiesce *

HENRY – …professionnelle. De se dire “Mais, je pourr… j’aurais pas pu bosser dans ma région?” Vous avez sûrement raison, selon le métier que vous faites etc. Mais y’a une notion, j’ai vu une collè… une copine, y’a deux jours, qui travaille dans, euh dans… une espèce de stratégie de coach machin, et qui parlait de fertilisation territoriale, voilà. Et donc je pense que, tu ne descends pas parce que t’es cadreur, parce que, bin, y’a pas de taff, y’a pas de grosse boîte de production, y’a pas de studio, y’a pas les sociétés qui vont louer le matériel, y’a pas de… de casteurs, y’a pas d’agences d’acteurs, y’a pas… tout l’écosystème qui fait que, il peut y avoir quelque chose qui va fonctionner là-dedans, mais, si tout le monde pense comme ça, ça n’arrivera jamais. De la même manière t’es un barbier hipster, bin tu vas pas descendre, parce que dans ton village du Tarn, euh… y’a pas beaucoup de hipsters. Mais si tu penses comme ça, tout le monde pense comme ça, bin p’t-êt’ le boucher hipster et les hipsters qui sont ingénieurs à je-sais-pas-quoi, un graphiste etc. ils redescendront pas non plus. Donc moi je crois vraiment à, tu vois? À cette fertilisation de masse…

NAÏKO – Mais les hipsters ils sont bien, à Paris, non? Pourquoi ils descendraient?

HENRY – Non mais… * rire * Je te donnais un exemple!

NAÏKO – Ah ok.

HENRY – Mais je crois vraiment à la refertilisation des compétences en région etc. Donc ça me fait plaisir!

NAÏKO – Bin ouais.

HENRY – Que j’aie quelqu’un de Paris, en plus tu étais dans le, sans rentrer dans les détails, t’étais animateur motion design dans le graphisme etc.

NAÏKO – Ouais.

HENRY – Et donc tu as, tu t’es repositionné professionnellement.

NAÏKO – Je me suis repositionné mais, avant de redescendre.

HENRY – En plus!

NAÏKO – Ouais, mais c’était…

HENRY – Encore mieux! C’est encore mieux, je trouve, parce que ça veut dire que euh… voilà. Donc y’a eu une manière de repenser sa vie, ‘fin on en avait déjà parlé avec Céline la dernière fois, et que, je m’adresse toujours, moi, aux gens qui vont moins bien, tu vois?

NAÏKO – Oui, oui.

HENRY – Et de dire que, n’oubliez pas que votre scénario il peut être changé à 180 degrés. Même quand vous pensez que vous êtes coincé dans un boulot qui vous plaît pas, dans un milieu qui vous plaît pas, dans un, dans une promiscuité, une… une ambiance, une pollution des prix qui vous plaisent pas, peut-être que la solution serait de… de vous apprécier différemment, de vous tourner vers un autre truc, quoi. Voilà. C’était une grosse parenthèse. Mais je suis content de voir un exilé. J’aimerais trouver un nom, tu sais les Israéliens ils ont un nom pour quand ils reviennent en Israël…

NAÏKO – Ah? Je ne savais pas.

HENRY – Euh… Pfff je me rappelle plus. Euh… pas laïssa, un truc comme ça…

NAÏKO – Je vais pas pouvoir t’aider, là-dessus.

HENRY – ‘fin voilà, ils ont un mot…

NAÏKO – Je suis désolé.

HENRY – Ils ont un mot pour dire quand ils… quand ils rentrent en Israël. Bin moi je voudrais trouver un mot français pour parler des gens qui rentrent dans leur région d’origine.

NAÏKO – Dans leur région natale.

HENRY – Alors bien sûr, toi t’es quelqu’un qui est né, qui a vécu trois jours dans la région, c’est ridicule, moi je parle du bon lait, de revenir sur tes…

* NAÏKO rit * – Enfoiré!

HENRY – …sur tes terres de ton bon lait de… Et puis que les Parisiens soient heureux dans une ville qui reste tonique, parce que c’est la capitale et que t’as toutes les institutions politiques, et qui est, et que c’est une perle, un joyau touristique, et d’apprécier votre vie là, à mille pourcents, parce que c’est… voilà. Bin c’est là que vous étiez, c’est… c’est vous avez vécu, vous, gamins, vous avez pris le métro, vous avez vécu sous ce ciel, et vous méritez de respirer un peu plus dans votre ville, quoi, tu vois? Donc c’est vraiment, pour moi, un bénéfice win-win, quoi, tu vois? Pour tout le monde! C’est pas du tout anti-parisien.

NAÏKO – Non, non mais c’est pas… Je le voyais pas comme ça, mais en tout cas c’est un très beau combat. Allez Henry-Michel.

* HENRY rit *

NAÏKO – Très beau combat. Je ne peux que te soutenir.

HENRY – Il faut… Il faut avoir de plus en plus d’auditeurs, et à la base je prendrai un micro à la BBC en disant “Rentrez chez vous!” * rires * Et alors, j’ai une question que je pose souvent aux Rivieros: euh, donc ça fait quelques années que tu as pu apprécier la région, ou ne pas l’apprécier, quels son tes… ton endroit, ou tes deux endroits préférés, dans le coin?

NAÏKO – Alors juste une petite parenthèse: je la connaissais bien, la région, hein. Quand je suis redescendu, j’avais des amis d’enfance, j’avais, j’ai… je sais pas si on l’a dit, j’ai mes grands-parents pas loin, donc…

HENRY – Mouais…

NAÏKO – …j’ai passé beaucoup de vacances ici, en étant à Paris, je redescendais régulièrement… Euh… mes endroits… Bin écoute, je me suis mis y a un an au… je vais faire mon hipster local, au paddle, tu vois? Les grandes planches…

HENRY – Oh ma femme aussi!

NAÏKO – Voilà. Et euh…

HENRY – Tu pourrais faire du paddle avec ma femme.

NAÏKO * d’un air suggestif * – Ouuaaaais…

HENRY – Mmmh!

NAÏKO * avec sa grosse voix suave * – Ouais, on pourrait faire du paddle, tous les deux…

* HENRY rit *

NAÏKO * voix suave * – Ce serait tellement bon… * voix normale * Bon, bin faudrait d’abord que j’en fasse avec la mienne! Hein! Si tu veux bien? Euh…

HENRY – Ou pas. Moi je… peux faire du… y a quoi d’autre d’aussi con que le paddle?

* NAÏKO rit * – Ha! Pas grand chose!

HENRY – Je peux faire de la raquette avec ta femme! * rire *

NAÏKO – Hé! Mais tu parles de raquette, mais y’a le padel, qui existe!

HENRY – C’est quoi le padel?

NAÏKO – Ah tu connais pas le padel? Le paddle c’est le… c’est les crétins sur leurs grandes planches, là, qui rament et voilà…

HENRY – Oui, je connais bien.

NAÏKO – Et le padel, c’est euh… c’est pas pareil, c’est p-a-d-e-l, c’est un truc qui est en train de… en train de s’implanter dans la région aussi j’ai l’impression, et justement, tu parles de raquette, c’est un jeu de raquettes! C’est comme… c’est sur un terrain, un mini terrain, ‘fin, c’est pas un… C’est un petit terrain de tennis…

HENRY – Oui.

NAÏKO – …avec des parois en verre sur les bords…

HENRY – Oh! Comme un squash?

NAÏKO – Ouais, comme un squash, sauf que un squash, y’a qu’un terrain, quoi, tu tapes contre un mur. Alors que là, y’a un filet, t’as deux… t’as deux parties de terrain etc.

HENRY – Et c’est quoi? C’est de la beach ball avec des raquettes?

NAÏKO – C’est… C’est des raquettes un peu space, ouais, c’est des raquettes épaisses avec de la mousse dedans, tu joues avec des balles de tennis un peu sous gonflées, et t’as un terrain euh… comme un petit terrain de tennis. Sauf que t’as pas d’extérieur de cours, t’es… t’es tout le temps sur le cours et puis ça rebombe… ça rebombe dans les coins et…

HENRY – Ouais, ouais, d’accord.

NAÏKO – Et c’est vachement bien! C’est vachement bien. Et ça vient de… alors c’est padel, je crois que c’est euh… c’est d’origine espagnole hein, ça existe beaucoup là-bas…

HENRY * avec l’accent espagnol * – Padel!

NAÏKO * avec l’accent espagnol * – El padel.

HENRY * avec l’accent espagnol * – Padel!

NAÏKO – Ca vient d’Amérique du Sud ou d’Espagne, enfin ils pratiquent ça beaucoup là-bas, et puis c’est en train de s’implanter, donc euh… Et on s’y est mis y’a pas longtemps avec ma femme, à ça, à Mougins, y’a… y’a quelques terrains, et c’est vachement bien.
HENRY – Et c’est sur la plage? Ah non tu me disais que c’était sur la plage…

NAÏKO – Alors, attends. Y’a le paddle…

HENRY – Ah c’est pas sur la plage!? Moi je croyais que c’était des sortes de terrains de squash sur la plage! Je voyais pas trop le truc…

NAÏKO – Non, non, non! Non, non, non. Y’a le paddle, qui est, qui se pratique, hein, en milieu aquatique…

HENRY – Oui, oui, d’accord! C’est des salles de padel, quoi.

NAÏKO – Ouais, c’est en plein air, hein! C’est en plein air. Donc pour répondre à ta question, tu m’as posé une question, tu vois, tu l’as déjà oubliée.

HENRY – Ouais. Non, non. Ton… tes… t’étais sur ton paddle, là…

NAÏKO – Bin justement, mon…

HENRY – …avec ma femme.

NAÏKO – Ouais, ouais. * rires * * voix suave * On était bien…

HENRY – Et c’est quoi alors ton coin préféré?

NAÏKO – Non, moi je suis euh… Je vais beaucoup sur Théoule.

HENRY – Aaaaah!

NAÏKO – Je vais beaucoup sur Théoule, parce que y’a un départ vraiment sympa de Théoule, et puis t’as vraiment accès rapide à l’Estérel, donc euh…

HENRY – Pfffff…

NAÏKO – Pour longer un peu la côte, t’es vraiment pénard très rapidement, et puis c’est beau!

HENRY – C’est ouf, parce que Théoule est le grand gagnant, c’est incroyable! C’est le grand gagnant de ce questionnaire, quoi.

NAÏKO – Ah ouais?

HENRY – Y’a pas UNE personne qui me cite pas Théoule!

NAÏKO – Ah. Je suis pas très original.

HENRY – Alors que, au niveau national, perso… Je sais pas, on peut parler de Mandelieu, de Cannes bien sûr…

NAÏKO – Ouais…

HENRY – Mais Théoule, jamais tu entends Théoule à la télé, quoi!

NAÏKO – Alors si je peux t’avouer un truc, c’est que, bien que je connaisse la région, avant de redescendre, je connaissais pas du tout Théoule…

HENRY – Bin non! Bon les gens, je me rappelle, ils me font des blagues avec Séoul, etc. Non, non, mais c’est ouf! Et euh, un autre endroit que t’aimes beaucoup?

NAÏKO – Alors un autre endroit que j’aime beaucoup, qui commence à bien gonfler ma fille, à chaque fois qu’on va se balader là-bas, c’est le… la balade du Cap d’Antibes.

HENRY – Ah!

NAÏKO – Voilà.

HENRY – Super.

NAÏKO – Donc que… qu’on se fait en long, en large, en travers…

HENRY – EN vélo?

NAÏKO – En vélo, c’est un peu… c’est un peu costaud, quand même! Y’a des… y’a des marches, y’a des voilà…

HENRY – Ah d’accord, ouais. Je vois pas, je vois…

NAÏKO – Bin c’est le bord de mer en fait.

HENRY – Ah oui! Oui, oui, d’accord, oui.

NAÏKO – Tu peux partir de la Plage de la Garoupe, hein! Salut les Parisiens… Euh, à… tu pars de la Plage de la Garoupe à… c’est à Antibes? Et puis tu suis le bord de mer, ça fait une balade de deux heures, à pied, tranquille, tu passes par plein de paysages différents, de la rocaille, de la végétation, euh, y’a plein de choses différentes, elle est vraiment chouette cette balade.

HENRY – Ah c’est cool!

NAÏKO – Ma fille en a un peu marre qu’on la fasse, quoi, c’est tout! * riree *

HENRY – Elle a quel âge?

NAÏKO – Elle a quinze ans! Elle a quinze ans.

HENRY – Ah ouais. À quinze ans on en a marre, c’est le principe!

NAÏKO – Oui! Oui, c’est la base de tout.

HENRY – À quinze ans, on en a marre.

NAÏKO – À quinze ans, on n’est pas fan.

* HENRY rit *

NAÏKO – Ca passe pas crème. * rire *

* interlude musical *

HENRY – Eh bin Naïko on arrive à la fin de ton bizutage, et j’ai été très sympa, hein?

NAÏKO – Euh oui, c’est vrai. Euh, tu as été plus que condescendant quand même.

HENRY – J’ai été beaucoup plus méchant avec Aurore Flick, elle s’en est pris plein la gueule pour son premier Riviera Détente…

NAÏKO – Je sais, je sais.

HENRY – J’étais gentil, mais je suis assez hypnotisé par ce que tu dégages, t’as une sacrée voix, et tout. J’ai hâte de voir ta voix pas cassée parce que… on va faire des voix off, on va faire des fausses pubs et tout, ça va être top, quoi!

NAÏKO – J’ai un peu la voix de Candy, tu vois? Quand j’ai pas la voix cassée.

* HENRY rit *

NAÏKO – Tu sais, la petite micheto avec les te-coue, là? Bin j’ai un peu…

HENRY * finissant de rire * – Candy! Ohlala.

NAÏKO – Voilà.

HENRY – Bon, j’étais content… T’étais content de venir, ou pas? Tu regrettes d’être venu? Ca t’a cassé ton image que t’avais de Riviera Détente?

NAÏKO – Trop de question en une seule phrase, écoute…

* HENRY rit *

NAÏKO – Non je suis ravi. Ravi, flatté, honoré d’être là, d’avoir participé à ton émission…

HENRY – Bin écoute ça va bien se passer, on va faire un montage aux petits soins… Euh l’impro euh… Pffff! Franchement, c’est chaud hein!

NAÏKO – C’est super chaud. Mais t’étais… tu… moi je, encore une fois, je suis… je me sens comme un nouveau né, en impro. Donc voilà, faut pas…

HENRY – Ah non mais t’as été très bien, je trouve! Mais c’est, c’est une… une impro cousine de celle qu’on fait ici, et je trouve que voilà, c’est cousine. C’est… ça a pas les mêmes… le rapport au rire, à la joke et tout, c’est… j’aime bien, c’est… c’est des cousines, quoi, je…

NAÏKO – Ouais, je suis, j’suis… j’ai du mal avec la punchline, moi, donc et puis c’est pas le… c’est pas l’exercice… c’est pas l’exercice de l’impro…

HENRY – Ah non, mais ne te…

NAÏKO – Ah non, non, mais…

HENRY – Ne te flagelle pas, moi j’ai trouvé ça très sympa, et ça ressemble plus à ce que j’entends des impros, des vraies impros, quoi. Tu vois ce que je veux dire?

NAÏKO – D’accord.

HENRY – Donc c’était… c’était super agréable pour moi…

NAÏKO – Tant mieux! Tant mieux!

HENRY – J’espère que je vais réussir le casting mais va falloir que je sois hyper gentil avec toi…

NAÏKO – Oui. C’est… Tu crois que… il va y avoir un problème avec ça?

HENRY – Non. Je dis que c’est le seul truc sur lequel vous allez vous… pas me faire confiance.

NAÏKO – Ah. Sur la gentillesse!?

HENRY – Ouais, ouais. Mais si je viens pour améliorer ça, je vais être super open!

NAÏKO – Y’a quelque chose qui est important aussi: c’est l’implication.

HENRY – Ah.

NAÏKO – Et ouais. C’est l’implication, il faut un petit… Oh tout le monde, tout le monde n’est pas là tout le temps…

HENRY – Ah bin, venir tous les mardis, je peux pas.

NAÏKO – Bin voilà. Mais, c’est quelque chose qui rentre en ligne de compte quand même.

HENRY – C’est quoi? Implication quoi? Combien de fois par semaine?

NAÏKO – Ah, tu veux que je te donne, tu veux des chiffres, c’est ça?

HENRY – Ouais.

NAÏKO – Tu voulais des chiffres?

HENRY – Non, une fois par semaine, ça va?

NAÏKO – Une fois par semaine, c’est parfait!

HENRY – Non, non, tu rigoles!

NAÏKO – Tout le monde, tout le monde ne vient pas une fois par semaine! Euh, c’était plus en… en extra. Tu vois? dans , nous on fait des… quand on organise des matches, y’a toute une… toute une… un protocole…

HENRY – Ouais mais ça dépend du, de quoi on parle, mais…euh, euh… deux fois par… une fois par semaine les répètes, et une à deux fois par mois des matches, avec plaisir quoi!

NAÏKO – Allez!

HENRY – C’est pas plus, non?

NAÏKO – Eh bin non, c’est pas plus.

HENRY – Sinon ça devient un travail après, faut pas déconner, quand même.

NAÏKO – Tu t’imagines même pas.

HENRY – Moi je fais ça gratuitement pour vous… * rires * Bon bin alors, on va se revoir, j’aimerais beaucoup te voir… Là j’ai, je commence, donc j’ai découvert comment était Naïko Skate au micro, j’ai envie de voir du Naïko Skate-Patrick Patrick.

NAÏKO – Oh!

HENRY – J’ai envie de voir du Naïko Skate-Céline…

NAÏKO – Owoh!

HENRY – …mais spécial Médecine Douce.

NAÏKO – Ouais.

HENRY – On va me masser les pieds en me palpant le Reiki, là, ça va être… ça va être au top, là. Je vais… je vais parler trois langues à la fin… du truc.

NAÏKO – Elle t’a dit, Céline, que le Reiki, on touchait pas?

HENRY – Ouais mais c’est…

NAÏKO – Y’a pas de contact physique.

HENRY – Ouais, c’est vrai. C’est moi qui suis con. * silence gêné * Voilà les Rivieros, je vous fais un gros bisou, on va essayer de profiter du Festival, on va aller à des… à des fêtes, ou alors comme beaucoup de gens, faire semblant d’y aller. C’est le plan pour… pour ces quinze jours * rires * On vous fait un gros bisou, à bientôt, ciao!

* pause *

HENRY – Tu dis au revoir, Naïko?

NAÏKO – Non, je crois pas, non.

HENRY – D’accord. * rire *

NAÏKO – Allez, salut les Rivieros! Salut les Rivieras!

* musique de fin *